Page:Dufay - L’Impôt Progressif sur Le Capital et le Revenu, 1906.djvu/36

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t-il que 2 fr. 90 d’impôts, quand le Parisien paie 162 francs. Un calcul assez facile à faire prouverait à coup sûr que le Corse paie quatre ou cinq fois plus que sa part, quand peut-être il ne devrait rien payer.

Si les calculs de M. Turquan sont exacts, (je crois même que l’absorption du revenu et du capital par l’impôt est encore plus rapide pour les petites fortunes), l’État réalise dès maintenant un procédé de socialisation, de nationalisation, de collectivisme, – peu importe le mot, – recommandé par une partie de l’école italienne : M. Eugenio Rignano, dans son ouvrage Un socialisme en harmonie avec la doctrine économique libérale (traduction française chez Giard et Brière, 1904, Paris) parle des prélèvements successoraux progressifs dans le temps, comme d’un système excellent pour réduire le nombre des oisifs, des parasites qui privent la société de tout le travail qu’ils auraient dû accomplir dans d’autres circonstances. C’est très simple et bien moins compliqué que notre système actuel. Un père meurt et laisse à ses enfants toute sa fortune, sans aucun droit de mutation. L’enfant devient père à son tour ; il ne pourra transmettre à ses enfants que la moitié de ce qu’il avait reçu par héritage de son père, mais la totalité de ce qu’il aura pu épargner par son travail. À la troisième génération, nouveau prélèvement par l’État de la moitié des biens héréditaires et ainsi de suite, de progenie in progenies. Pas d’autres impôts, c’est d’une simplification admirable.

Cela a l’air d’une histoire, d’un conte, d’une véritable expropriation. Eh bien ! notre législation française