Page:Dufay - L’Impôt Progressif sur Le Capital et le Revenu, 1906.djvu/35

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paie un modeste loyer comme le petit commerçant.

M. Turquan estime que la valeur des revenus annuels de chaque Français est absorbée maintenant en six ans et la valeur du capital en cinquante ou soixante ans. Dans certains départements, les Français sont réduits à refaire leur fortune tous les trente ans. La fortune léguée par un père à ses enfants est absorbée par les impôts en moins d’une génération…

Comment voulez-vous, dans ces conditions, que le commerce et l’industrie d’une nation puissent se développer ? Comment voulez-vous que la France puisse vivre d’une vie saine et normale, quand elle est obligée de traîner ce boulet d’une dette de 36 milliards pour les intérêts de laquelle elle est obligée de prélever chaque année 1 250 millions sur le travail national ? Comment voulez-vous qu’elle ne soit pas écrasée par la concurrence de ses rivales, alors que son budget qui, en 1876, les indemnités de guerre payées, s’élevait à 2 milliards 614 millions, dépasse aujourd’hui 3 milliards 700 millions de francs. »

La situation est donc très grave, personne ne le conteste, ni M. Jules Roche, ni M. Méline, ni M. Rouvier, ni ceux en général qui s’opposent à la réforme fiscale. Au milieu de cette dépression universelle, nous ne voyons pas moins des fortunes colossales s’élever et dominer davantage la direction dangereuse des affaires politiques et économiques. Pourquoi s’opposer à une réforme fiscale qui n’a rien de violent, puisqu’on la pratique ailleurs, et qui diminuerait le danger ? Il y aurait une statistique fort intéressante à faire au sujet de la répartition anormale de nos impôts. Si le Parisien possède en moyenne 16 200 francs, le Corse 290 francs seulement, les impôts par tête sont-ils dans la même proportion ? Le Corse ne paie-