Page:Dufay - L’Impôt Progressif sur Le Capital et le Revenu, 1906.djvu/40

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 30 —

libre Amérique qu’on nous vante sans cesse. Pendant qu’une douzaine de milliardaires s’atrophient le sens moral, sous le poids de leurs richesses colossales, des millions d’hommes, de femmes et d’enfants travaillent encore inconsciemment à l’accumulation de ces richesses qui font le malheur des uns et des autres.

Et des économistes fameux viennent nous dire, en France : Vous le voyez bien, l’impôt progressif n’existe pas en Amérique. — Certes oui, je le vois bien, et je vois bien aussi les résultats de ce manque de précaution, et j’entends les milliardaires répondre aux revendications des travailleurs comme le loup de la fable :

La raison du plus riche est toujours la meilleure.

Mais je crois bien qu’en France nous verrons clair plus tôt qu’en Amérique. Nous lui donnerons peut-être un jour l’exemple de lois protectrices apportant là-bas le secours qui aidera encore une fois les Américains à s’affranchir de leurs modernes conquérants. Est-il dans l’ordre naturel des choses que l’humanité passe par ces épreuves pour s’élever à une conception plus haute de la justice ? En attendant, la lecture du livre de M. Ghent est peut-être destinée à produire dans les esprits la même évolution que la fameuse « Case de l’Oncle Tom », il y a un demi siècle passé.