droits à l’indemnité ; elle a même décidé dans le même sens au détriment d’enfants de 14 et 15 ans, sous prétexte que les lois protectrices de l’enfance ne s’appliquent pas à ceux qui ont atteint l’âge de raison.
M. Ghent croit que le préjugé de la liberté individuelle entraîne de plus en plus le pays vers une anarchie qui sera le servage des faibles. On semble pousser le respect de la liberté jusqu’à la superstition ; il est facile de voir que là encore une décentralisation administrative et même politique est une insuffisante garantie contre l’exploitation du faible par le fort, si l’organisation économique du pays donne à quelques favorisés la possession des richesses acquises par le travail de tous. Ce qui peut sauver actuellement d’une révolution immédiate la société américaine, c’est qu’elle repose sur la mobilité des individus : tout homme est, à tout moment, libre de changer de place et de trouver facilement du travail ailleurs, dans un pays où le travail surabonde. Sans cette circonstance, la féodalité financière de l’Amérique serait pire que celle du Moyen-Age, parce qu’elle n’a pas de loi qui impose des obligations à la classe forte envers la classe faible. Ces classes n’existent pas comme groupements durables ; chaque individu espère s’en désagréger dès le lendemain. D’après cette peinture, la vie des basses classes d’Amérique serait à peine humaine, si ceux qui les forment n’avaient la confiance et la possibilité d’en sortir. Les individus s’échappent un à un de la servitude collective.
Qu’arrivera-t-il à cette immense société américaine, si elle découvre que, de la liberté, il ne reste que l’anarchie, et si le pouvoir politique supérieur, sous la pression de l’opinion publique, ne met pas un frein à cette puissance désordonnée de l’argent.
Voilà ce que tend à devenir la liberté dans cette