Page:Dufay - L’Impôt Progressif sur Le Capital et le Revenu, 1906.djvu/57

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 47 —

l’argent à une marchandise comme une autre, et considérer l’usure comme la juste rémunération d’un service rendu.

La suppression de l’intérêt, c’est-à-dire de l’usure, est-elle possible aujourd’hui ? Personne ne le pense, parce que tout le mécanisme économique moderne repose sur cette institution qui a force de loi à peu près partout. Observons toutefois, qu’elle n’est pas pratiquée en Chine ; et que si les Juifs l’observent largement envers les goym, ils l’évitent entre eux, ce qui explique peut-être l’étonnante durée de ces deux peuples, malgré les révolutions extra ordinaires qu’ils ont subies.

Mais, si la suppression totale est impossible, ne pourrait-on pas réduire au moins le taux légal et conventionnel de l’intérêt, à 2 ou 2,50, par exemple, par un nouveau progrès dans le sens de la justice. Les civilisations et les siècles passés ont déjà donné des exemples de ces réductions successives, sans attendre même cette diminution forcée de l’intérêt par la plus grande abondance des capitaux. Cette réduction obligerait certainement le capital monétaire à s’employer plus directement et plus utilement dans le sens des grands travaux nécessaires pour perfectionner l’agriculture, l’industrie, les moyens de transport, enfin pour améliorer la position pécuniaire et économique de la classe si nombreuse des travailleurs et employés. Cette réduction, qui pourrait être graduée sur un certain nombre d’années, ne bouleverserait pas plus les situations acquises par les réductions précédentes, et notamment les conversions des rentes d’État. Ce qui s’est fait entre l’État et les particuliers,