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On a objecté que ce système exempterait de toute contribution environ sept millions d’individus, c’est une erreur ; ils auraient toujours à supporter les effets de la répercussion de trois milliards d’autres impôts non remplacés. Il est à noter qu’en Angleterre, en Prusse, en Italie et dans plusieurs cantons suisses, le nombre des exemptés est plus considérable. Est-ce que ce fait amène des perturbations quelconques dans ces États ? Nous avons donc beaucoup de peine, en France, à nous habituer à l’idée, si naturelle, cependant, de ne demander aucune contribution à celui qui n’a que le nécessaire. Ne voit-on pas que cette classe du prolétariat malheureux n’a aucune influence dans la direction des affaires, et que c’est nous, plus heureusement classés dans le monde économique, qui sommes tenus, par devoir, à lui venir en aide dans la mesure du possible.

En réunissant les résultats probables révélés par les tableaux qui précèdent, on voit que l’ensemble des produits de ces impôts (soit 413 millions pour le capital, 200 millions pour le revenu du capital et 355 millions pour le revenu du travail) s’élèverait à 968 millions, somme supérieure aux impôts que nous avons signalés comme devant être remplacés.

Il est à remarquer, au surplus, en ce qui concerne la richesse immobilière, la terre surtout, qu’elle ne serait atteinte que pour la moitié des 200 millions d’impôts sur le capital, puisque les capitaux mobiliers seraient atteints dans la même proportion, à l’inverse de ce qui se passe aujourd’hui, et que ces deux formes de la richesse sont à peu près égales en valeur.