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garçon sans volonté, sans initiative : il aura suffi que les parents ne fussent plus disposés à cette amitié pour que le jeune homme se soumit à leur désir. Enfin, et chacun prit d’autres habitudes.[1] » Au moment de sa fuite, Jean-Jaques souhaite de revoir Abraham, mais ce dernier se montre peu affecté de son départ, et l’entrevue est froide. L’apprenti graveur, dont l’amour-propre est déjà grand, ne peut se persuader que la faute est de lui : il la rejette tout entière sur les parents et surtout sur la mère qu’il n’aimait pas, parce qu’elle allait à l’église. Les relations cessèrent donc dès ce jour : « Nous ne nous sommes jamais écrit ni revus ; c’est dommage. Il était d’un caractère essentiellement bon : nous étions faits pour nous aimer[1]. » Tel est le De profundis par lequel l’écrivain termine le récit de ses adieux avec son cousin.

Quant à la génération qui précéda celle de Jean-Jaques, nous savons que son père Isaac avait formé, à l’âge de 22 ans[2], une association avec deux maîtres de danse étrangers[3]. Il stipule pour lui « qu’il luy sera permis de faire un voyage lorsque bon lui semblera, à ses frais,

  1. a et b Confessions, livre 1er .
  2. Acte du notaire J.-A. Comparet, 6 décembre 1694, déjà noté par Th. Heyer.
  3. L’un d’eux, David Noiret, avait été admis à la bourgeoisie.