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chez lui un travail de classement qui devait porter des fruits d’autant plus abondants qu’il profitait d’une foule de connaissances antérieurement assimilées. Si ce classement fut tardif, il a été rémunérateur. Il n’élabora rien de sérieux avant l’âge mûr, mais sa première œuvre un peu sérieuse attira l’attention sur lui, parce qu’elle avait pour base un labeur plus ou moins continu de vingt-cinq années. C’est ainsi que, lorsque d’autres se sont fait connaître soudainement et d’un seul jet, ce bonheur n’échut à Jean-Jaques qu’au travers du tâtonnement, de la paresse, de l’effort, et par le moyen de l’absorption successive des richesses, de leur comparaison et de leur sélection.

La Providence permit donc qu’il fut jeté de bonne heure dans le combat de la vie, et quoiqu’il y fût peu et mal préparé, il y arrivait cependant avec un vif dégoût de ses erreurs passées, un besoin profond d’indépendance, et un penchant marqué pour la contemplation, l’observation, la réflexion. Ces ardentes aspirations se seraient fondues au souffle desséchant de la cohue urbaine, surtout dans une ville affairée comme la nôtre. En place de lutte, il y aurait eu écrasements. Sans doute, les vices existaient aussi en lui, et des vices prononcés. Si, en qualité de Genevois, il avait eu en partage la simplicité, la