Aller au contenu

Page:Dufour - Étude sur l’esthétique de Jules Laforgue, 1904.djvu/25

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Pays-Bas comme « … dernière preuve de la dépendance qui attache l’originalité individuelle à la vie sociale et proportionne les facultés inventives de l’artiste aux énergies actives de la nation, » Laforgue lui objecte adroitement cette remarque faite par Bourget à propos de Baudelaire : « Si les citoyens d’une décadence sont inférieurs comme ouvriers de la grandeur d’un pays, ne sont-ils pas très supérieurs comme artistes de l’intérieur de l’âme ? S’ils sont malhabiles à l’action privée ou publique, n’est-ce point qu’ils sont trop habiles à la pensée solitaire ? »  » Bourget lui-même (le dernier Bourget, celui de l’Étape) et Barrès, à leur suite les nationalistes se répandent en regrets sur nos énergies brisées, à peu près dans le même temps que le poète mystique du Trésor des humbles observe un « réveil de l’âme ».

Taine alléguera-t-il les héros ? Laforgue conteste que la pauvre humanité ait jamais produit un héros pur. « Ceux qu’on nous cite dans l’antiquité sont des créatures comme nous, cristallisées en légendes, — ni Bouddha, ni Socrate, ni Marc Aurèle, — je voudrais bien connaître leur vie quotidienne. " Montré au vrai, même avec ses tares, le « héros « serait intéressant, parce qu’il ne serait pas banal. Exemple : le portrait de Napoléon, tracé par Taine lui-même, dans les Origines de la France contemporaine, et dont s’indignèrent tant ceux qui, par préférence d’artistes ou calcul de politiques, défendaient le « mythe » contre l’histoire. Mais, peint au vif, le « héros » ne serait plus aussi « bienfaisant », ce qui, d’ailleurs, n’importe. «  Il