Aller au contenu

Page:Dufour - Étude sur l’esthétique de Jules Laforgue, 1904.djvu/28

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le tout coloré d’admiration pour « l’animal humain », avec tout le luxe des ressources d’érudition vivante et d’histoire naturelle, l’autorité de la lucidité, de la modestie et de l’éloquence simple et systématique et désintéressée, — dictatoriale ».

Et puis il reste une méthode : la même que Laforgue suivra, dans sa définition apologétique de l’impressionnisme.

Reconnaissant la « riche érudition » de Taine, Jules Laforgue n’a voulu retenir des deux volumes, dans lesquels est exposée sa Philosophie de l’art, que la « méthode documentaire déterministe». Cette méthode consiste à ne régler ses jugements — puisque l’homme ne saurait se priver « de proclamer ses préférences et ses haines » — sur aucun idéal transcendant, à ne hausser ses prétentions, à ne revendiquer de droit « qu’à déblayer et ordonner des documents pour se permettre tout au plus de constater des lois d’ensemble.»

Laforgue prend donc dès l’abord parti. Tous les systèmes d’esthétique se réduisent à deux, — « d’une si belle réciprocité d’intolérance, » remarque-t-il, « que dix lignes d’un de ces livres suffisent à montrer de laquelle des deux paroisses sa méthode et ses sympathies se réclament », — l’idéalisme et le déterminisme. Les idéalistes ont l’avantage d’expliquer et de juger ; car ils attribuent au génie et à l’inspiration une ori-