Aller au contenu

Page:Dufour - Étude sur l’esthétique de Jules Laforgue, 1904.djvu/30

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

parnassiens ; fonder l’esthétique sur la philosophie de l’Inconscient, C’est, en effet, dans la lecture de Hartmann que Laforgue puisa ce « brin de foi nouvelle », par quoi, sans se confondre avec les idéalistes, il se distingue pourtant des déterministes.

L’esprit humain est une résultante de l’évolution organique terrestre. La pensée, qui a pour champ l’univers, est identique à son objet, car le sujet n’est rien sans l’objet : proposition aussi nécessaire que celle-ci : rien ne peut être en dehors de tout. La connaissance métaphysique, où s’élèvent les inductions des sciences expérimentales de la vie, répond, par conséquent, à une réalité transcendante. — Quelle est cette réalité transcendante ? La simple loi de la sélection naturelle universelle — c’est l’objection que Laforgue opposait aux déterministes — indique une tendance divine, attendu que deux forces ne peuvent coexister qu’en concurrence vitale, et que, si l’une l’emporte, c’est en vertu d’une tendance occulte, partout déterminante ; l’univers des forces en concurrence vitale se résout donc en une sélection unique, selon cet idéal. — En conséquence, au-dessus du monde changeant des phénomènes, se développe un idéal : la Loi. Laforgue dit à dessein : se développe. Car son idéal n’est qu’ « une simple étape, éphémère et bornée, d’une évolution indéfinie » ; c’est un devenir continu ; il est « ouvert au passé comme aux surprises de l’avenir et aux incohérences du présent ».

Cette Loi, « principe mystique universel »,

— Ô Loi, qui êtes parce que vous êtes —