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Page:Dufour - Étude sur l’esthétique de Jules Laforgue, 1904.djvu/31

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est, annonce Laforgue, « le dernier divin », celui d’une humanité enfin débarrassée de ses anciens dieux, personnels, parfaits et conscients. L’action en est continue et infaillible, mais inconsciente. C’est en raison de cette qualité, qui pourtant n’est pas prédominante, — la continuité n’est pas moins essentielle, — que Hartmann dénommait cette force l’Inconscient, appelait son dynamisme évolutionniste la Philosophie de l’Inconscient.

Cet inconscient « s’objective en mondes explorateurs vers la conscience, « sa fin. En sorte que l’univers pourrait être défini, dans son ensemble et sa durée : une création de l’Inconscient tendant à la conscience. Laforgue résume le système de Hartmann dans cette formule : « C’est, selon le dernier mot humain de la métaphysique expérimentale, la force unique constante évoluant indéfiniment vers la conscience pure par la sélection fatale des flux de forces aspiratrices en concurrence, amours, religions, langues, sciences, arts, apostolat social, mysticismes inédits, etc.

Nous n’avons à considérer que deux de ces « flux de forces aspiratrices en concurrence », la pensée humaine et, plus particulièrement encore, l’art. — « La pensée humaine, succession d’œuvres et d’idéaux à l’état de phénomènes en concurrence, exprime l’évolution de l’âme universelle, de la Loi unique, au dynamisme de qui ou de quoi elle est soumise à travers ses incohérents et riches gaspillages. « Laforgue illustre cette définition d’un exemple ; les personnages de la Comédie humaine contribuent à manifester, par la sélection