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Page:Dufour - Étude sur l’esthétique de Jules Laforgue, 1904.djvu/32

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naturelle qui résulte de leur concurrence vitale, l’évolution de l’âme de Balzac, dynamiquement développée en eux. — Chaque homme aspire au beau. La somme de ces aspirations concurrentes se résout par la sélection naturelle en une aspiration unique vers l’idéal. C’est la Loi, signifiée par l’ingénieuse comparaison des Préludes autobiographiques aux Complaintes :

… la tourbillonnante éternelle agonie
D’un Nirvâna des Danaïdes du génie.

L’inspiration et le génie, — cet irréductible je ne sais quoi demeurant au fond des analyses de toute esthétique, — sont ainsi expliqués « sans compromis spiritualiste » ni recours au bon vouloir d’une puissance transcendante. Ce sont les « tressaillements divinatoires » de l’aspiration suprême, en laquelle consiste la Loi. « Les génies surhumains, dont nous voyons la caravane artistique de temps en temps fouettée, en sont les échos élus.» C’est elle qui « parfois interpose ses secousses divines, ses deus ex machina, ses messies dans le train-train des causes et des effets déterminables de l’histoire humaine ".

Le génie, « prêtre de l’Inconscient  »,

— Que votre inconsciente Volonté
Soit faite dans l’Éternité ! —

aide l’évolution par « un affinement sans fin de tout l’organisme ». Les artistes exploitent « les paradis des sens ». Ils polissent « le miroir où se cherche l’Inconscient ». Musiciens et peintres collaborent à leur insu,