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Page:Dufour - Étude sur l’esthétique de Jules Laforgue, 1904.djvu/34

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Première conséquence : Au regard de l’Inconscient, toutes les écoles se valent ; toutes les œuvres méritent égale considération : d’instinctives poussées vers la conscience. Donc, un seul critérium : la nouveauté :« du nouveau, du nouveau et indéfiniment du nouveau ; après éginétisme, l’hellénisme, le byzantinisme, la renaissance, le rococo, le romantisme, le réalisme, le préraphaélisme, le fortunysme, le japonisme, l’impressionnisme, le nihilisme : bref, uniquement ce que l’instinct des âges a toujours exalté, en proclamant génies, selon l’étymologie du mot, ceux et seulement ceux qui ont révélé du nouveau, et qui, par là, font étape et école dans l’évolution artistique de l’humanité.»

La prétention de l’homme est donc ridicule à donner des rangs, instituer des concours, décerner des couronnes. Nulle entrave au laisser faire, mot d’ordre de la sagesse ! L’art ne peut accomplir sa fonction, agent du perpétuel devenir,

… rosse aveugle aux cercles sempiternes
Qui tourne pour autrui les bons chevaux de bois,

que dans une anarchie libératrice et féconde. Que le peintre secoue enfin les jougs officiels, revendique l’indépendance de l’écrivain, qui n’a d’autre « salon » que l’étal du libraire. Il travaillerait à son gré, s’il ne visait qu’à placer ses tableaux dans les vitrines des marchands. « Seul et de par son principe, il (l’idéal, but intangible de la Loi) est fondé à ne condamner que ce que les vrais artistes ont de tout temps condamné et secoué, l’école, les codes à conventions de goût sur le beau