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Page:Dufour - Étude sur l’esthétique de Jules Laforgue, 1904.djvu/45

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— et l’émoi de la vie universelle, — voix, parfums, appels du désir, impatience de naître, angoisse de mourir, — qui de la nature ambiante pénètre jusqu’en ses moelles. — Cette toile, brossée sous l’éblouissante lumière du soleil, où résonnent les touches les plus mates, on l’expose dans le jour artificiel d’une galerie, dans la pénombre d’un salon, encore obscurci de tentures. — Enfin le tableau n’est encadré qu’après achèvement ; et le cadre projette son ombre sur les clairs qu’elle éteint, sur les foncés qu’elle épaissit. Aussi Seurat peignait-il de « points » complémentaires en harmonie avec son « effet » son cadre et même la bande d’ombre, par laquelle il devait empiéter sur la toile.

Ainsi entendu, le « plein-air » est plus large, plus compréhensif que la formule, dont l’école de Barbizon fit sa règle. « Ce plein-air des paysagistes impressionnistes, il commande leur peinture entière et signifie la peinture des êtres ou des choses dans leur atmosphère : paysages, salons à la bougie ou simples intérieurs, rues, coulisses éclairées au gaz, usines, halles, hôpitaux, etc., etc. Renoir par la Loge, Degas par ses « coulisses « , Vuillard par ses « intérieurs », sont, tout de même que Monet, Sisley ou Pissarro, des peintres de « plein-air ».

La pratique du « plein air » eut pour immédiate conséquence de « clarifier » la peinture. — « Lui donner, conseille Laforgue, ce clarifié limpide et vibrant en plein air, qu’a un orchestre vous arrivant (jouant par exemple du Wagner) à travers un fleuve assez plein (le Rhin à Coblentz, la Seine à Auteuil) ». Les impressionnistes