Page:Dufour - Vers les sommets, 1935.djvu/180

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
178
VERS LES SOMMETS

préféré une autre. Elle volait de place en place. Accompagnant son père et l’autre candidat, elle se rendait dans presque toutes les maisons, à toutes les assemblées. Son rôle, l’inverse de celui de sa rivale, consistait à semer à pleine bouche la calomnie. À l’instar des quatre chefs, elle insinuait, mentait. Il fallait se venger de Jules et de Françoise.

De Françoise, parce que celle-ci lui avait enlevé son amour. De Jules, parce que s’il triomphait, son père serait privé du « gros fromage ».

L’enfant de cette immense circonscription, oui, l’enfant, l’adolescent, l’avocat dont les prodiges avaient émerveillé la population, le candidat que tout le monde désirait, baissait, perdait quelques admirateurs. Pourtant c’était le même homme, mais des adversaires qui avaient des intérêts personnels à sauvegarder le noircissaient pour être plus sûrs de le battre. Dans le feu de la bataille, les passions politiques ferment les yeux et les cœurs.

Jules fit une lutte de géant. Il tint une cinquantaine d’assemblées publiques, et partout il se manifesta homme de valeur inégalable. Mais en politique, c’est presque toujours d’un tel homme qu’on ne veut pas.