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plaît à reconnaître que les Canadiens français sont passés maîtres dans l’art des démonstrations patriotiques, et le Herald est si bien enlevé qu’il exprime le regret qu’on n’ait pas fixé au 24 juin la fête de la Confédération.

La convention nationale fait suite : en 1874, dans la salle académique du Gesù, l’on étudie les moyens d’arrêter l’émigration aux États-Unis et de rapatrier. Si quelques naïfs s’extasient sur l’avenir des nôtres au Kansas, au Colorado, en Orégon, plus loin encore, et prédisent des conquêtes fantastiques, les clairvoyants, à la suite du sage Ferdinand Gagnon, journaliste de Worcester, ne rêvent que de groupement au Canada, et supplient le gouvernement d’aider la colonisation : « Dispersés aux quatre coins de l’Amérique, nous serons de plus en plus impuissants. Il nous faut grouper nos forces, il faut le retour au pays de la majorité de ceux qui l’ont laissé. À cette grande œuvre les Canadiens des États-Unis s’associent de tout cœur, ils seront toujours prêts à revenir à la patrie quand celle-ci sera prête à les recevoir… Travaillez tous ensemble à la prospérité de votre province, et vous parviendrez à y créer l’abondance et l’industrie. Vos frères s’empresseront alors de revenir vers la patrie, apportant avec eux leur expérience dans les arts et l’industrie. » Mais on était alors tellement embourbé dans la politique des partis (un projet de sympathies à Riel faillit dégénérer en tumulte), qu’il n’y eut pas moyen de préciser grand’chose. Le Père Lacombe invita du moins nos émigrants à prendre leur part des belles plaines de l’Ouest, pour conserver notre influence : « Sachez qu’il y arrive en moyenne par mois quarante familles d’Ontario. » C’était en 1874.

À la convention de 1880, à Québec, le programme est vaste, encyclopédique : on veut étudier nos intérêts religieux, politiques et sociaux, intellectuels et matériels, de quoi occuper cinq congrès. En réalité, l’on parle d’éducation, on projette l’union des groupes français, y compris les Acadiens, oubliés jusque-là ; l’on demande toujours plus d’aide pour la colonisation et l’agriculture, en vue du rapatriement : « Que nos gouvernements soient priés de dépenser partie des sommes votées pour l’immigration en faveur des Canadiens des États-Unis, au lieu de faire venir de loin, au prix de