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grands sacrifices, des étrangers qui ont moins d’aptitudes que nos compatriotes. » Ce vœu date de quarante-trois ans.

Aux noces d’or de la Saint-Jean-Baptiste, en 1884, on réédite l’immense programme de Québec, dans un congrès de cinq séances de quatre, cinq ou six discours chacune. Entre les copieux raccourcis d’histoire qui ressassent héroïquement les cendres des grands morts, parmi les prédictions très applaudies qui entrevoient pour 1920 douze à quinze millions de Canadiens français, quelques bons esprits plus calculateurs mais moins applaudis demandent aux puissants de préparer des terres où puissent s’établir ces généreux millions. Le curé Labelle soutient « qu’avant d’aller chercher des colons ailleurs, il faut d’abord empêcher les nôtres de s’expatrier. C’est une vérité de sens commun : cherche-t-on à mettre de l’eau dans une chaudière à fond percé ? Or, notre pays est percé… Il y a trente ans que l’on aurait dû organiser une souscription nationale perpétuelle pour remplacer nos pruches et nos épinettes par de braves Canadiens. »… Et le député Coursol prétend que « si l’on déployait pour recruter, puis aider les colons la centième partie du zèle qu’on a mis à organiser ces fêtes, la colonisation ferait merveille… » Hélas ! comme il arrive souvent, les gens pratiques n’étaient pas puissants, et les puissants n’étaient pas pratiques. L’émigration continua.

La convention du 75e anniversaire, en 1909, délimita bien le sujet d’étude : l’on rêvait de rallier nos centaines de sociétés en une Fédération nationale et catholique qui jouât chez nous le rôle du Volksverein allemand, et qui pût défendre et promouvoir les œuvres sociales et religieuses. Dans des séances à part, les Canadiennes développaient un admirable féminisme en faveur des œuvres de charité, des œuvres d’éducation et des œuvres d’économie sociale. Mais nous touchons à l’histoire contemporaine.

Malgré toutes leurs faiblesses, dont la moitié provenaient des divisions politiques, les conventions de la Saint-Jean-Baptiste ont été de bons foyers de vie, et leur action peut être encore meilleure aujourd’hui qu’on est plus précis et qu’un secrétariat très actif pourrait mener à bien les vœux de l’assemblée dissoute. Dans les milieux mixtes, ces conven-