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tions patriotiques sont une nécessité, les Franco-Américains l’ont vite compris. Il est remarquable de voir que c’est à New-York, en 1865, qu’eut lieu la première de ces revues de troupes, et que régulièrement encore on se réunit ici ou là pour organiser la résistance et maintenir un peu de français chez les jeunes. L’Union Saint-Jean-Baptiste d’Amérique s’est formée en une assurance-vie, qui est une force économique et qui, bien dirigée, peut faire beaucoup pour sauvegarder le caractère traditionnel chez ses membres.

À Montréal aussi, la Saint-Jean-Baptiste s’occupe de grouper les capitaux comme les hommes. Dans son vaste Monument National inauguré en 1893, elle abrite ses filiales, la Caisse Nationale d’Économie, qui compte plus de cent mille membres, et la Société Nationale de Fiducie, qui prend sa bonne part de ce qui allait naguère à différents trusts. Sur d’autres champs d’action, elle s’occupe de la francisation des services publics, elle publie la Revue nationale et une revue enfantine, L’Oiseau Bleu ; elle donne des cours du soir et des conférences, elle institue des concours de collégiens sur l’Histoire du Canada, et de littérateurs sur divers sujets canadiens, et elle annonce pour 1924 un congrès d’action nationale qui se terminera par la bénédiction sur le Mont-Royal d’une immense croix destinée à perpétuer celle que M. de Maisonneuve y dressait en 1643. C’est ainsi qu’elle entend vivre sa devise : Rendre le peuple meilleur.

Ces développements sages de l’œuvre de Duvernay permettent les plus grands espoirs. Le puissant organisme social qu’est maintenant la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal doit rayonner, doit accomplir, sinon l’unité, du moins l’union des sociétés locales autour d’une société centrale. L’association est la monarchie du XXe siècle : les victoires sont le fruit de la cohérence des efforts par l’unité de commandement. Nous possédons une foule de bons soldats, des corps d’armées solides, quelques chefs, mais pas d’armée, faute d’un état-major général qui combine les mouvements d’ensemble. À défaut d’un pouvoir central, qu’était jadis le roi, à défaut d’un impossible parlement unique pour nous seuls et pour nous tous de partout, nous devrions avoir une assemblée nationale à côté, au-dessus de la poli-