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l’univers en temps normal, deux milliards et demi proviennent des pays belligérants ; sur 25,000,000 d’hommes sous les armes, ou morts ou impotents, 15,000,000 au moins travaillaient à la terre et sont devenus improductifs et consommateurs. Ce sont les pays situés hors de la zone bombardée, hors de l’Europe, qui doivent fournir pour les autres, et l’immense Canada surtout, hier au cinquième rang des producteurs de blé, après la Russie, les États-Unis, les Indes et la modeste France, doit s’y mettre de son mieux et croire que la nourriture est aussi nécessaire aux Alliés que les balles.

Nos hommes d’État le comprennent très bien, dans leurs discours. À Calgary, M. Bennett, organisateur du Service National, divisant la nation en trois classes, « ceux qui combattent, ceux qui travaillent, ceux qui donnent et paient, déclare qu’il est aussi important de maintenir l’industrie agricole du pays que d’envoyer des soldats au front. Le Service National du cultivateur est de produire du blé, de nourrir l’armée et le peuple de la Grande-Bretagne. »

Sir Thomas White, ministre des Finances, prône le travail de production et l’économie comme de suprêmes devoirs patriotiques d’où peuvent dépendre notre succès et notre salut national… « En prélevant des fonds pour la guerre, nous nous ferons une règle de ne pas taxer les fermes, effets personnels ou revenus de ceux qui sont engagés dans notre grande industrie fondamentale, l’agriculture. »[1]

Le président du bureau de l’Agriculture de Londres, M. R.-E. Prothero, parle de la Grande-Bretagne comme d’une ville assiégée, et son mot : « La guerre sera gagnée sur nos champs de maïs ou de pommes de terre » semble devoir être la clé de la situation dans l’effort du Service National anglais.

  1. Extrait du discours budgétaire, 1916, cf. Production, Économie, p. 5.