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fèves, ces aliments du pauvre, sont tombés à plat : au lieu de 2,649,000 boisseaux de pois récoltés en 1860, nous en sommes à 404,000 boisseaux, qui se vendent $4. ; et les fèves, qui poussent en n’importe quelle terre de sable, sont descendues, de 330, 000 boisseaux en 1907, à 89,000 en 1914, et on les paie plus de $7.00. Un cultivateur de Vaucluse (comté de l’Assomption) en a récolté pour $175. dans une piécette de trois-quarts d’arpents ; il paraît d’après la Gazette agricole (nov. 1916) qu’on est obligé d’en faire venir des approvisionnements de la Mandchourie !

trop d’exportations

Nous avons trop peu de producteurs qui produisent trop peu, la situation se complique bien davantage si l’exportation s’en mêle pour la peine. Or, les $76,000,000 valant de notre exportation provinciale de 1901 sont devenus $177,556,784 en 1914 ; et, pour tout le Canada, les $163,000,000 de produits canadiens exportés en 1900 se sont élevés pour l’année finissant à janvier 1916 à $669,000,000 dont $337,000,000 de produits animaux et agricoles. Et cette dilapidation de nos marchés n’est pas près de finir : les Américains ne se gênent pas pour opérer chez nous des razzias de bestiaux et de pommes de terre ; mais surtout, nous devons suppléer au déficit alimentaire des nations belligérantes : l’Angleterre, à elle seule, manque de 225,000,000 de boisseaux de blé, ce qui dépasse de 70,000,000 toute la récolte canadienne de 1916. Le monde est menacé de famine ; l’Institut international d’agriculture de Rome a lancé le cri d’alarme : les réserves de blé sont épuisées, et si 1917 ne donne pas beaucoup plus que 1916, nous tâterons de la famine universelle en même temps que de la guerre.

Des quatre milliards de boisseaux de blé produits dans