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conquête du sol qui soit tout ensemble une mission et une affaire. Pourquoi ne pas jeter des motifs de cette noblesse dans les considérant parfois si mesquins d’un choix d’état de vie ? Pourquoi ne pas compléter l’éducation chrétienne et nationale de notre jeunesse en lui expliquant comme elle peut faire beaucoup, même sans instruction, pour l’Église et le pays ? On ne sait pas découvrir les forces du bien ; on les ignore, on les laisse en jachère ; nos héros restent à l’état brut faute d’avoir l’occasion de se produire.

des colons sains

C’est le meilleur des vieilles paroisses, la crème et non pas l’écume, qui devrait ainsi se déverser dans les cantons neufs pour y produire cent pour un, pour y former une race forte et belle. Suivons en cela la leçon de nos pères à qui Louis XIV défendait d’admettre en la Nouvelle-France les hérétiques et les vicieux. Sur quoi M. Maurice Barrès, le grand admirateur du miracle de notre survivance, rend hommage à l’intelligence ecclésiastique qui sut trier les colons, nos ancêtres : « Ceux qui restaient, après l’abandon, ce furent des paysans, des chasseurs, quelques soldats. Ces petites gens ont tout sauvé. C’est qu’ils étaient d’excellente race, Normands et Poitevins pour la plupart… Ajoutez à cela que la Compagnie de Jésus, qui s’était chargée du soin de peupler la colonie, ne recruta pour l’émigration que des éléments de choix, d’une parfaite santé physique et morale. Après un siècle et demi écoulé, cette intelligence pratique qui organisa l’émigration fait éclater son bienfait. Des soixante mille Français de 1763 est sortie une population de trois millions d’hommes bien vivants… L’intelligence ecclésiastique a gagné la victoire. »

Est-ce que cette victoire ne se répétera pas aujourd’hui que nous avons tant de si belles terres à couronner d’églises ?