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I

POURQUOI COLONISER ?


1o L’ARGUMENT ÉCONOMIQUE

De tous côtés, et dès avant la guerre, on s’est ému de la cherté de la vie. Les ruraux qui ont vendu leurs terres pour venir habiter la ville voient fondre tristement leurs dix-piastres avec leurs illusions. D’après la Gazette du Travail (février 1917), les aliments seuls d’une famille de cinq personnes, qui coûtaient 86.95 par semaine, en 1910, sont montés à 810.27 en janvier 1917. Les divers gouvernements fédéral, provincial, municipal et les Chambres de Commerce ont étudié le problème : on aboutit à recommander l’économie et la production plus intense.

C’était prévu : la cherté de la vie est un problème d’addition et de soustraction : le consommateur doit dépenser moins, le producteur doit fournir davantage. Mais l’exportation vient grossir le calcul : si nos trop rares agriculteurs doivent nourrir non seulement nos villes mais encore les peuples en guerre, nous n’y sommes plus du tout. C’est le malheur actuel : nous avons trop peu de producteurs qui produisent trop peu, et qui exportent beaucoup trop en Europe et surtout aux États-Unis.

trop peu de producteurs

En 1871, 80.5 pour cent de la population de notre province vivaient à la campagne ; la production encombrait les marchés de nos rares petites villes, et comme on exportait fort peu en Europe, c’était la congestion des denrées ; la terre ne payait pas et nos gens émigraient en masse