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Page:Duhem - ΣΩΖΕΙΝ ΤΑ ΦΑΙΝΟΜΕΝΑ.djvu/62

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système de Ptolémée et de ses disciples qui supposent des excentriques et des épicycles, car ils rendent suffisamment compte des apparences, et cela par le moindre nombre de mouvements ».

Pierre d’Abano invoque alors l’autorité de Simplicius, puis il continue en ces termes[1] : « Ce qui me confirme en cette supposition, c’est qu’elle emploie, pour réaliser le mouvement céleste, le plus petit nombre d’organes : j’estime, en effet, que l’on ne doit pas composer le mouvement en question avec un grand nombre d’éléments lorsque l’on peut le construire plus brièvement et plus rapidement ; l’art démontre, d’ailleurs, la justesse de cette considération. C’est aussi que cette supposition sauve les apparences mieux que toutes les autres, comme on le voit à l’aide des instruments. C’est enfin qu’elle parvient mieux que les autres, par ses calculs, à découvrir les durées de révolution des orbes et des planètes. »

Ces divers passages écrits par Pierre d’Abano résument la Philosophie scientifique des astronomes chrétiens du Moyen-Âge ; cette Philosophie elle-même se condense en deux principes :

Les hypothèses astronomiques doivent être les plus simples possibles.

Elles doivent sauver les phénomènes le plus exactement possible.


IV
La Renaissance avant Copernic.


Au xive siècle, l’Université de Paris avait essaimé ; les maîtres savants et nombreux de la Nation Anglaise, venus pour la plupart des pays de langue allemande, quittaient parfois les bords de la Seine pour fonder dans les contrées germaniques des Universités nouvelles qui fussent comme des colonies de l’Alma mater. La plupart du temps, ces Universités de langue allemande continuaient à subir les diverses influences émanées de Paris.

  1. Pierre d’Abano, loc. cit., fol. 115, col. b.