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théories abstraites et modèles mécaniques

Nous la devons surtout à la vogue de l’œuvre de Maxwell ; elle a été introduite dans la science par les commentateurs et les continuateurs de ce grand physicien ; aussi s’est-elle répandue tout d’abord sous celle de ses formes qui semble la plus déconcertante ; avant que les physiciens français ou allemands en vinssent à l’usage de modèles mécaniques, plusieurs d’entre eux s’étaient déjà habitués à traiter la Physique mathématique comme une collection de modèles algébriques.

Au premier rang de ceux qui ont contribué à promouvoir une telle façon de traiter la Physique mathématique, il convient de citer l’illustre Heinrich Hertz ; nous l’avons vu prononcer cette déclaration : « La théorie de Maxwell, ce sont les équations de Maxwell. » Conformément à ce principe, et avant même qu’il ne l’eût formulé. Hertz avait développé[1] une théorie de l’électro dynamique ; les équations données par Maxwell en formaient le fondement ; elles étaient acceptées telles quelles, sans discussion d’aucune sorte, sans examen des définitions et des hypothèses d’où elles peuvent dériver ; elles étaient traitées pour elles-mêmes, sans que les conséquences obtenues fussent soumises au contrôle de l’expérience.

Une telle manière de procéder se comprendrait de la part d’un algébriste s’il étudiait des équations tirées de principes reçus de tous les physiciens et confirmées d’une manière complète par l’expérience ; on ne s’étonnerait point de lui voir passer sous silence une mise

  1. H. Hertz : Ueber die Grundgleichungen der Elektrodynamik für ruhende Körper. Gottinger Nachrichten, 19 mars 1890. — Wiedemann’s Annalen der Physik und Chemie, Bd. XL, p. 577. — Gesammelte Werke von H. Hertz ; Bd. II : Untersuchungen über die Ausbreitung der elektrischen Kraft, 2« Auflage, p. 208.)