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la théorie physique et l’expérience

calculées d’avance ; il lui faut, de la marche d’Uranus, conclure l’existence et la position d’une planète nouvelle et, dans la direction assignée, trouver Neptune au bout de son télescope.



§ V.Critique de la méthode newtonienne (suite). — Second exemple : L’Électrodynamique.

Personne, après Newton, n’a, plus nettement qu’Ampère, déclaré que toute théorie physique se devait tirer de l’expérience par la seule induction ; aucune œuvre ne s’est plus exactement moulée sur les Philosophiæ naturalis Principia mathematica que la Théorie mathématique des Phénomènes électrodynamiques uniquement déduite de l’expérience.

« L’époque que les travaux de Newton ont marquée dans l’histoire des Sciences n’est pas seulement celle de la plus importante des découvertes que l’homme ait faites sur les causes des grands phénomènes de la nature ; c’est aussi l’époque où l’esprit humain s’est ouvert une nouvelle route dans les sciences qui ont pour objet l’étude de ces phénomènes. » C’est par ces lignes qu’Ampère commence l’exposé de sa Théorie mathématique ; il continue en ces termes :

« Newton fut loin de penser » que la loi de la pesanteur universelle « pût être inventée en partant de considérations abstraites plus ou moins plausibles. Il établit qu’elle devait être déduite des faits observés, ou plutôt de ces lois empiriques qui, comme celles de Kepler, ne sont que des résultats généralisés d’un grand nombre de faits. »