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la structure de la théorie physique

mant ira vers lui ; et si tous deux sont libres, ils s’approcheront réciproquement, en sorte toutefois que le plus fort des deux fera le moins de chemin. »

Les corps qui sont sur la Terre n’ont-ils point d’autre faculté magnétique que celle qui les ramène au sol d’où ils ont été tirés et qui constitue leur gravité ?

Le mouvement qui enfle les eaux de la mer et produit le flux suit si exactement le passage de la Lune au méridien que l’on dut regarder la Lune comme la cause de ce phénomène, aussitôt que les lois en eurent été reconnues avec quelque exactitude ; les observations[1] d’Eratosthène, de Seleucus, d’Hipparque et, surtout, de Posidonius assurèrent aux philosophes antiques une connaissance de ces lois assez complète pour que Cicéron, Pline l’Ancien, Strabon et Ptolémée n’aient pas hésité à affirmer que le phénomène des marées dépendait du cours de la Lune. Mais cette dépendance se trouva surtout établie par la description détaillée des diverses vicissitudes du flux que l’astronome arabe Albumasar donna, au ixe siècle, dans son Introductorium magnum ad Astronomiam.

La Lune détermine donc le gonflement des eaux de l’Océan ; mais de quelle manière le détermine-t-elle ?

Ptolémée, Albumasar, n’hésitent pas à invoquer une vertu particulière, une influence spéciale de la Lune sur les eaux de la mer. Une telle explication n’était point pour plaire aux vrais disciples d’Aristote ; quoi qu’on ait dit à cet égard, les fidèles péripatéticiens, qu’ils fussent Arabes ou maîtres de la

  1. Cf.- : Roberto Almagia : Sulla dottrina della marea nell’ antichità classica e nel medio evo (Atti del Congresso internazionale di Scienze toriche, Roma, 1-9 aprile 1903 ; vol. XII, p. 151).