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la structure de la théorie physique

bien osée ; elle impliquait, en effet, qu’il existât une analogie de nature entre le Soleil et les planètes, et maint physicien devait se refuser à ce postulat ; nous trouvons dans les écrits de Gassendi le témoignage de la répugnance que plus d’un esprit éprouvait à l’admettre. Voici en quelles circonstances se manifesta cette répugnance de Gassendi :

Les Copernicains, qui avaient si volontiers attribué la gravité à une sympathie mutuelle des corps terrestres, qui avaient invoqué une sympathie analogue entre les diverses parties d’un même astre pour expliquer la forme sphérique de cet astre, se refusaient, en général, à reconnaître l’attraction aimantique exercée par la Lune sur les eaux de la mer. Ils tenaient pour une tout autre théorie des marées, dont la source se trouvait à l’origine de leur système et qui leur en semblait être une preuve particulièrement convaincante.

En 1544, paraissaient à Bâle les œuvres de Caelio Calcagnini[1] ; l’auteur était mort trois ans auparavant, au moment même où Joachim Rethicus, dans sa Narratio prima, faisait connaître le système de Copernic, avant que le grand astronome polonais n’eût fait imprimer ses De revolutionibus orbium cœlestium libri sex. Les œuvres de Calcagnini renfermaient une dissertation, déjà ancienne[2], intitulée : Quod Cœlum stet, Terra vero moveatur, vel de perenni motu Terræ. Sans admettre encore le mouvement annuel de la Terre autour du

  1. Cælii Calcagnini Ferrarensis Opera aliquot, Basileæ, MDXLIV.
  2. Cette dissertation, adressée à Bonaventure Pistophile, n’est pas datée ; elle est suivie, dans les Opera de Calcagnini, d’une autre dissertation, adressée au même personnage, et datée de janvier 1525 ; il est vraisemblable que la première dissertation est antérieure à cette date.