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le choix des hypothèses

Soleil, ce précurseur de Copernic attribuait déjà le mouvement diurne des astres à la rotation de la Terre. En cette dissertation, se lisait le passage suivant[1] : « Nécessairement, plus une chose se trouve loin du centre, plus elle se meut rapidement. Par là se trouve résolue une difficulté immense, objet de recherches longues et nombreuses et qui, dit-on, désespéra Aristote jusqu’à causer sa mort. Il s’agit de la cause qui produit, à des intervalles de temps parfaitement fixes, cette remarquable oscillation de la Mer… La difficulté se résout sans peine si l’on tient compte des impulsions en sens contraire qui animent la Terre, tantôt faisant descendre une partie, tantôt la relevant, ce qui tantôt produit une dépression des eaux, tantôt les projette vers le haut. »

Galilée devait reprendre, préciser, détailler cette théorie qui essaye d’expliquer le flux et le reflux de l’Océan par les actions qu’engendre la rotation de la Terre.

L’explication était insoutenable, car elle voulait que l’intervalle de deux marées hautes fût égal à la moitié d’un jour sidéral, tandis que les observations les plus obvies montrent qu’il est égal à une demi-journée lunaire ; Galilée, cependant, persistait à donner cette explication pour une des meilleures preuves du mouvement de la Terre, et ceux qui admettaient avec lui la réalité de ce mouvement répétaient volontiers cet argument ; tel Gassendi dans l’écrit : De motu impresso a motore translata, qu’il publia à Paris en 1641.

Naturellement, les adversaires des Copernicains

  1. Calcagnini Opera, p. 392.