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LES THÉORIES REPRÉSENTATIVES ET L’HISTOIRE

qui est fixe par nature et ce qui se meut ; mais parmi les hypothèses relatives à ce qui est immobile et à ce qui se meut, il examine quelles sont celles qui correspondent aux phénomènes célestes. Il doit recourir au physicien pour les principes. »

Ces idées, qui expriment la pure doctrine péripatéticienne, ont inspiré maint passage des astronomes de l’antiquité ; la Scolastique les a formellement adoptées. À la Physique, c’est-à-dire à la Cosmologie, de rendre raison des apparences astronomiques en recourant aux causes mêmes ; l’Astronomie ne traite que de l’observation des phénomènes et des conclusions que la géométrie en peut déduire : « L’astronomie, dit saint Thomas, commentant les Physiques d’Aristote, a des conclusions en commun avec la Physique. Mais comme elle n’est pas purement physique, elle les démontre par d’autres moyens. Ainsi le physicien démontre que la terre est sphérique par un procédé de physicien, par exemple parce que ses parties tendent de tout côté et également vers un centre ; l’astronome, au contraire, par la figure de la lune dans les éclipses, ou bien par ce fait que les étoiles ne se voient pas de même des diverses parties de la terre. »

C’est par suite de cette conception du rôle de l’astronomie que saint Thomas, dans son commentaire au De cœlo d’Aristote, s’exprime de la manière suivante au sujet du mouvement des planètes : « Les astronomes se sont efforcés de diverses manières d’expliquer ce mouvement. Mais il n’est pas nécessaire que les suppositions qu’ils ont imaginées soient vraies, car peut-être les apparences que les étoiles présentent pourraient être sauvées par quelque autre