Alexandrins admettaient cette sphère ultime, cette neuvième sphère, chargée de conférer le mouvement diurne au Ciel tout entier, tandis qu’aucun astronome hellène ne nous parlera des sphères inférieures à celle-là, auxquelles Ptolémée voulait, pour chaque astre errant, confier le même rôle.
En ce cas, donc, comme en tant d’autres, la Science arabe n’a fait que reproduire les enseignements qu’elle avait reçus de la Science grecque. Pour s’emparer de ces enseignements, d’ailleurs, elle n’avait pas attendu l’œuvre d’Ibn al Haitam ; les agencements d’orbes solides que celui-ci devait exposer étaient déjà connus, au xe siècle, par les Frères de la Pureté et de la Sincérité : au cours de la vaste encyclopédie qu’ils ont rédigée, ces philosophes font d’évidentes allusions à ce système astronomique.
Déjà, au second traité de leur encyclopédie, les Frères de la Pureté expliquent de la manière suivante[1] la marche tantôt directe et tantôt rétrograde de Vénus et de Mercure :
« Le corps de chaque étoile commande à une petite sphère que l’on nomme sphère de rotation. » L’épicycle est donc représenté sous forme d’une sphère solide.
Au trente-cinquième traité de la même encyclopédie, nous lisons[2] :
« Les rotations célestes se subdivisent en cinq espèces :
» Rotation imprimée à chacune des étoiles errantes par sa sphère de rotation ;
» Rotation imprimée au centre de cette sphère de rotation par la sphère portante ;
» Rotation imprimée à la sphère portante par la sphère principale de l’étoile ;
» Rotation imprimée aux étoiles fixes par leur sphère principale ;
» Rotation, autour des éléments, de la sphère enveloppante et de l’ensemble du Ciel. »
Évidemment cette énumération suppose admise la combinaison cinématique que nous avons entendu décrire par Ibn al Haitam.
On retrouve, d’ailleurs, chez d’autres astronomes arabes, la mention de la sphère de rotation (falak el-tadwîr), qui est l’épi-
- ↑ Friedrich Dieterici, Die Philosophie der Araber in IX und X Jahrhundert n. Chr. aus der Theologie des Aristoteles, den Abhandlungen Alfarabis und den Schriften der lautern Brüder Vtes Buch : Die Naturanschauung und Naturphilosophie. 2te Ausgabe, Leipzig, 1876, p. 43.
- ↑ Fr. Dieterici, Die Lehre der Weltseele bei den Arabern in X Jahrhundert, Leipzig, 1872, p. 52.