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LA COSMOLOGIE HELLÉNIQUE

donnaient les 180.000 stades philétairiens que Ptolémée attribuait à cette longueur.

Les Anciens, avec Aristote, avaient cru la Terre beaucoup plus grande qu’elle n’est ; Ératosthène leur en avait fait connaître presque exactement la grandeur ; avec Posidonius et Ptolémée. ils la faisaient notablement trop petite.


II
LA MUSIQUE CÉLESTE ET LES DISTANCES DES ASTRES À LA TERRE

Les hommes n’ont pas seulement désiré de connaître la grandeur de la Terre qu’ils habitent ; ils ont également souhaité de pouvoir mesurer la distance qui les sépare des astres. Mais, pendant fort longtemps, ils sont demeurés dans l’ignorance de toute méthode proprement scientifique qui put résoudre ce problème. À la question posée, ils ont donné réponse par d’audacieuses hypothèses que leur dictaient soit des considérations de simplicité arithmétique, soit des mythes religieux ; bien souvent, d’ailleurs, ces deux sortes de motifs se réunissaient en une seule ; pour les Pythagoriciens, les combinaisons mathématiques simples semblaient presque toutes marquées d’un caractère divin, et les Platoniciens, à cet égard, épousaient volontiers l’opinion pythagoricienne.

De ces hypothèses par lesquelles les sages de la Grèce se sont longtemps efforcés de deviner les lois qui président à la répartition des astres dans l’espace, nous trouvons un exemple dans ce passage, où Plutarque nous rapporte les opinions de certains pythagoriciens, partisans du système astronomique de Philobius[1] : « Beaucoup de philosophes introduisent, à ce propos, les idées pythagoriciennes et procèdent en triplant sans cesse les distances à partir du centre. Prenant le [rayon du] feu pour unité, ils comptent 3 jusqu’à l’Anti-terre, 9 jusqu’à la Terre, 27 jusqu’à la Lune, 81 jusqu’à Mercure, 243 jusqu’à Vénus, 729 jusqu’au Soleil ; ce dernier nombre est à la fois un caret : et un cube, aussi nomment-ils le Soleil le carré-cube. Ils obtiennent les autres distances par triplication successive ». Les puissances du nombre 3 gouvernent ici les distances célestes.

  1. Plutarchi De animæ procreatione in Timæo cap. XXXI (Plutarque, Œuvres, éd. Firmin-Didot, pp. 1257-1258). Vide supra, ch. I, § III.