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PHYSICIENS ET ASTRONOMES. — II. LES SÉMITES

mise en mouvement par la puissance motrice initiale, par l’Âme de l’Univers, accomplit une révolution en vingt-quatre heures égales.

» La sphère des étoiles fixes se trouve à l’intérieur de cette première sphère et en touche la face interne ; aussi la première sphère met-elle en branle la sphère des étoiles fixes, et cela dans le sens même où elle tourne autour d’elle ; toutefois, la vitesse de la sphère des étoiles fixes demeure intérieure d’une petite quantité à la vitesse de rotation de la sphère qui la meut ; cette différence par laquelle les positions des diverses parties des deux sphères cessent de se correspondre atteint un degré par siècle.

» La sphère de Saturne vient ensuite ; elle est intérieure à la sphère des étoiles fixes et en touche la face interne ; cette sphère-ci entraîne donc celle-là dans la direction même où elle tourne ; toutefois, la vitesse de rotation demeure inférieure de deux minutes par jour à celle de la sphère qui l’entoure, en sorte que les diverses parties de l’une de ces sphères cessent de correspondre, de cette même quantité, aux diverses parties de l’autre. »

Nos philosophes poursuivent des considérations semblables jusqu’à ce qu’ils parviennent à la sphère de la Lune « qui demeure, chaque jour, de 13 degrés et une fraction en arrière du point qu’elle occupait la veille ».

» Par cette disposition, ajoutent-ils, chacune de ces sphères se laisse mouvoir par celle qui se trouve immédiatement au-dessus d’elle et, à son tour, elle met en mouvement celle qui se trouve au-dessous. Il en est ainsi jusqu’à la sphère de la Lune. Mais, dans son mouvement, chaque sphère demeure inférieure en vitesse à celle qui la meut. La sphère de la Lune se meut le plus lentement, tellement elle est éloignée de la puissance motrice initiale de la sphère enveloppante, et tant il faut d’intermédiaires entre ces deux sphères. C’est de là que proviennent les différences des durées de rotation de ces sphères autour de la terre. »

Un peu plus loin, les Frères de la Pureté écrivent[1] :

« Beaucoup d’astronomes, qui ne sont versés ni en Géométrie ni en Physique, croient que les planètes se meuvent d’Occident en Orient, partant, que leur rotation se fait en sens contraire de celle de la sphère enveloppante. Mais, à notre avis et selon notre pensée, il n’en va point ainsi… Ces gens comparent la marche des planètes sur le Zodiaque, marche qui ne concorde pas avec celle de la sphère enveloppante, à la marche des mouches qui, sur la

  1. F. Dieterici. Op. laud., éd. cit., p. 39.