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LA COSMOLOGIE HELLÉNIQUE

VIII


les Neuf livres d’Astronomie de djeber ben aflah


Al Bitrogi n’a point exactement conservé aux planètes l’ordre que Ptolémée leur avait assigné ; au lieu de les ranger ainsi :

La Lune, Mercure, Vénus, le Soleil, Mars, Jupiter et Saturne, il place Vénus entre le Soleil et Mars.

Parmi les causes de cette modification apportée à l’Astronomie de l’Almageste, il nous faut, sans doute, compter l’influence d’un auteur qu’Al Bitrogi a soin de nommer.

En effet, dans l’épître dédicatoire qui ouvre sa Théorie des Planètes, il écrit[1] que « tous les modernes ont suivi Ptolémée et que nul ne l’a combattu, sauf, le célèbre Al Zarcala au sujet du mouvement de l’orbe des étoiles fixes, et aussi le fils d’Aflah, de Séville. Celui-ci a combattu Ptolémée au sujet de l’ordre respectif de l’orbe du Soleil et des orbes de Vénus et de Mercure ; au sujet également de quelques points du livre de Ptolémée, points que Ptolémée avait vus d’une certaine manière, et que ce fils d’Aflah a rectifiés et complétés suivant les principes admis par Ptolémée lui-même ».

Ce fils d’Aflah, dont Al Bitrogi nous parle en ce passage, n’est autre qu’un certain Djeber ben Allah : cet auteur a donné sous son nom une Astronomie en neuf livres, qu’au douzième siècle, Gérard de Crémone a mise en latin, et qui fut imprimée en 1534[2],

  1. Alpetragi Arabi Planetarnm theorica. fol. 2, recto.
  2. Instrumentum primi mobilis, à Petro Apiano nunc primum et inventum et in lucem editum Ad cuius declarationem et intellectum Pronunciata centum hic proponuntur, è quibus Instrumenti nobilissimi usus innotescit et compositio. Inquirere autem et invenire licebit in hoc instrumento, quicquid uspiam in universo primo mobili nova quadam sinnum ratione indagari potest : nec quicquam in eo ipso primo mobili desiderare poterit, quod non per instrumentum hoc inveniri facile queat.

    Accedunt ijs Gebri filii Affla Hispalensis astronomi vetustissimi pariter et pertissimi, libri IX de Astronomia, ante aliquot secula Arabice scripti, et per Giriardum (sic) Cremonensem latinitate donati, nunc vero omnium primum in lucem edidi.

    Omnia hæc industria et benevolentia Petri Apiani Mathematici prelo comisso, et Reverenidiss in Christo patri et D. D. Christophoro à Stadio, etc. ornatissimo Præsuli Augustensi, ob illustrationem suæ familiæ insignium, dedicata : Quibus et tu studiose lector benignus fruere, tanto Præsuli perpetuo gratissimus.

    Norimbergæ apud Io. Petreium. anno MDXXXIIII.

    (Fol. sign. aa, recto) Gebri filii Affla Hispalensis. De Astronomia libri IX. In quibus Ptolemæum, aliquoti doctissimum, emendavit ; alicubi etiam indus-