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PHYSICIENS ET ASTRONOMES. — II. LES SÉMITES

par Joannes Petreius de Nüremberg, sous la direction du célèbre géographe Pierre Apian (Bienewitz). On ne sait, d’ailleurs, presque rien de ce personnage, que la Scolastique latine a nommé Géber, mais qu’il ne faut point confondre avec un autre Géber, Djeber ben Hajjân, l’initiateur de l’Alchimie arabe. Tous les renseignements que nous possédons à son sujet se réduisent à deux.

Au Guide des égarés, Moïse Maïmonide écrit[1] : « Ensuite parurent en Andalousie, dans ces derniers temps, des hommes très versés dans les Mathématiques, qui montrèrent, d’après les principes de Ptolémée, que Vénus et Mars sont au-dessus du Soleil. Ibn Aflah de Séville, avec le lils duquel j’ai été lié, a composé là-dessus un livre célèbre. Puis l’excellent philosophe Abou Bekr ben al Çayeg [Ibn Bâdja, Avempace], chez l’un des disciples duquel j’ai pris des leçons, examina ce sujet, et produisit certains arguments (que nous avons copiés de lui), par lesquels il présenta comme invraisemblable que Vénus et Mercure soient au-dessus du Soleil ; mais ce qu’a dit Abou Bekr est un argument pour en montrer l’invraisemblance, et n’en prouve point l’impossibilité ».

Ibn Bâdja, nous l’avons vu, est mort en 1138 ; Maïmonide est né en 1135. Le récit de ce dernier nous amène donc à conclure que l’activité scientifique de Géber s’exerça soit dans les dernières années du xie siècle, soit, plutôt, au début du xiie siècle.

« Ibn Rochd ou Averroès[2], né en 520 de l’hégire (1126), parlant, dans son Abrégé de l’Almageste, de cette même question relative aux planètes de Vénus et de Mercure, dit expressément qu’Ibn Allah avait vécu au même siècle. »

Delambre a lu et analysé l’Astronomie de Djeber ben Aflah[3]. Citons, tout d’abord, quelques passages de l’exposé qu’il en donne :

« On ne sait rien, dit-il, de cet astronome arabe, sinon qu’il vécut après Arzachel, qu’il cite dans son livre.

» Il nous dit dans sa préface[4] que la lecture de Ptolémée est en


    tria superavit omnibus Astronomiœ studiosis haud dubie utilissimi futuri, fœliciter incipiunt.

    In fine : Finis novem librorum Gebri, Arabice primo scripti, et per magistrum Girardum Cremonensem in latinum versi.

  1. Moïse ben Maimoun dit Maïmonide, Le guide des égarés, trad. par S. Munk : deuxième partie, ch. IX ; t. II, pp. 81-82.
  2. Note jointe par S. Munk au passage précédemment cité de Maïmonide : Op. laud., t. II, pp. 81-82.
  3. Delambre, Histoire de l’Astronomie au Moyen-Âge ; Paris, 1819, ch. V, pp. 179-185.
  4. Gebri Op. laud., lib. I, proœmium, pp. 1-3.