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LA COSMOLOGIE HELLÉNIQUE

difficile par la prolixité des détails dans lesquels il est entré, et parce qu’il emploie dans ses démonstrations un secteur (il nomme ainsi la figure où deux arcs viennent se croiser dans l’angle formé par deux arcs de grands cercles, et qui sert de base à toute la Trigonométrie) ; enfin il suppose des théorèmes de Théodose et de Milleus (Menelaus), auteurs fort difficiles à entendre, et c’est ce qui effraie les lecteurs dès les premiers pas.

» Ptolémée est, d’un autre côté, trop concis en quelques endroits ; ses traducteurs ont encore ajouté à l’obscurité de l’original ; Geber l’a médité assidûment, et il se propose d’en faciliter l’intelligence. Il a trouvé des propositions courtes et faciles qui dispensent de rien emprunter à Ménélaus ou à Théodose. Il n’emploiera que la règle de trois pour déterminer l’inconnue, au lieu d’y employer six nombres différents comme Ménélaus et Ptolémée. Il substituera les sinus en place des cordes des arcs doubles (Albatégni l’avait fait longtemps auparavant).

» Ptolémée s’est servi de quatre instruments divers dans lesquels entraient nécessairement huit armilles. Géber n’emploiera qu’un seul instrument composé d’un cercle, d’un quart de cercle et d’une règle.

» Ptolémée a posé, sans pouvoir le démontrer, que l’excentricité des planètes supérieures est coupée en deux parties égales [par le centre de l’équant] ; Geber en promet une démonstration évidente ; il expliquera Ptolémée quand il est obscur, et démontrera ce qu’il a donné sans preuve.

» Ptolémée s’est trompé sur les temps des révolutions de la Lune et, dans le chapitre X du cinquième livre, il s’est trompé sur les limites des éclipses solaires ; dans les éclipses de Soleil et de Lune, il s’est trompé sur le temps et la quantité, sur la parallaxe de latitude.

» Il s’est trompé en plaçant Mercure et Vénus au-dessous du Soleil, car ses éléments mêmes prouvent que ces deux planètes sont supérieures au Soleil. Il s’est trompé en disant que jamais elles ne se trouvent dans le rayon visuel qui passe par le Soleil ; il s’est trompé sur les distances apogées des deux planètes, parce qu’il n’a pas compris ce que les Anciens entendaient par les longitudes opposées à celle des deux planètes. Il s’est trompé sur les points de station et les arcs de rétrogradation. Il s’est trompé encore en plusieurs endroits qui seront corrigés dans le commentaire… »

« Geber[1] extrait tout ce que Ptolémée dit de la Terre et de son

  1. Gebri Op. laud., lib. II : Quod terra non habeat motum localem, pp. 22-23.