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PHYSICIENS ET ASTRONOMES. — II. LES SÉMITES

immobilité, sans y rien objecter. À l’article de la déclinaison du Soleil, qui se connaît par sa hauteur méridienne, il enseigne[1] à tracer la méridienne par des ombres égales ; cette lacune du livre de Ptolémée avait été remplie déjà par Proclus. Il dit[2] qu’Arcusianus et Abrachis ont trouvé l’obliquité de 23° 5l′ 20″ ; on voit qu’il parle d’Ératosthène et d’Hipparque…

» Le livre III traite du Soleil. Géber retranche tous les calculs, ne change rien aux méthodes, qu’il ne fait qu’indiquer, en sorte qu’il a rendu tout ce livre bien plus difficile à entendre que dans Ptolémée, et qu’il n’y a rien mis du sien. C’est la même chose dans le livre IV, qui traite de la Lune, et je n’y ai rien vu qui méritât un extrait. Je n’ai pas cru devoir discuter quelques reproches peu importants qu’il fait à Ptolémée.

» Dans le livre V, après avoir décrit les règles parallactiques, il passe à la construction de l’instrument qu’il a inventé, lequel n’est composé que d’un cercle, d’un quart de cercle et d’une alidade… Cet instrument, dont ne parle aucun auteur, pourrait fort bien n’avoir jamais été exécuté, et les avantages en paraissent au moins douteux. Il valait certainement mieux avoir deux armilles, l’une pour les solstices et l’autre pour les équinoxes. Quant aux observations de longitude et de latitude, le plus sûr était encore d’avoir un astrolabe.

» En rapportant les observations de parallaxe de Ptolémée, il ne fait aucune réflexion critique ; il paraît, en général, ne vouloir attaquer Ptolémée que sur des calculs. Il semble que Géber était moins observateur encore de beaucoup que Ptolémée.

» Il calcule la parallaxe de latitude avec un peu plus de soin, mais sans employer aucune formule nouvelle. Il réforme quelques négligences de Ptolémée dans le calcul des limites écliptiques, mais il néglige comme lui l’inclinaison Ces fautes étaient aisées à corriger, et Géber paraît un peu sévère et même injuste envers Ptolémée, quand il attribue[3] ces négligences « à sa faiblesse et à son ignorance en Géométrie, de debilitate ejus in Geometria et ipsius ignorantia in ea. » Ptolémée a fait preuve de connaissances supérieures à ce qu’il en fallait pour éviter ces fautes ou pour les corriger ; mais Ptolémée lui-même avait montré presque autant de sévérité pour Hipparque dans des minuties pareilles…

» Dans le livre VI, où Géber parle des fixes, on voit qu’Aris-

  1. Gebri Op. laud., lib. II, De scientiis particularibus, p. 36.
  2. Gebri Op. laud., lib. V, De scientiis particularibus, p. 36.
  3. Gebri Op. laud., lib. V, p. 83.