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LA COSMOLOGIE HELLÉNIQUE

tille et Timocharis sont, pour lui, Arsatilis et Timonialis[1] ; plus loin, on trouve Timocaris[2] ; plus loin, encore, Agrinus est pour Agrippa[3] et Bithynia pour Athènes. Il ne change rien à la précession de Ptolémée[4], et ne dit mot de la trépidation.

» Livre VII, Géber réprimande vertement Ptolémée d’avoir placé Vénus et Mercure au-dessous du Soleil, et d’avoir dit ensuite que ces planètes n’ont pas de parallaxe sensible. En ce cas, dit Géber, elles sont au-dessus du Soleil, car le Soleil a 3′ de parallaxe ; Vénus doit en avoir une plus forte et de 16′ environ, Mercure une de 7′[5]. Géber a raison à peu près, mais il oublie que Vénus ne pouvait s’observer en conjonction inférieure : que sa parallaxe en digression ne doit pas surpasser beaucoup celle du Soleil : que cette parallaxe ne pouvait se déterminer par les observations d’alors, et que la parallaxe du Soleil n’avait été déterminée que d’après celle de la Lune et le rapport des distances établi par Aristarque. Géber est donc inattentif et injuste ; sa critique porte entièrement à faux, et le système qu’il embrasse pour les deux planètes est aussi faux que celui de Ptolémée ; il a raison seulement quand il soutient, contre l’assertion de Ptolémée, que Vénus peut se trouver sur le rayon visuel mené de la terre au Soleil[6].

» Nous croyons bien inutile d’examiner ses objections contre la manière dont Ptolémée établit sa théorie de Vénus et de Mercure. Ce qu’il met en place ne vaut guère mieux, et il n’a opéré aucun changement dans cette partie de l’Astronomie qui était si imparfaite.

» Dans la théorie des planètes supérieures, il compare Ptolémée à un homme dont la vue est faible, qui chancelle dans des

  1. Gebri Op. laud., lib. VI, p. 84.
  2. Gebri Op. laud., lib. VI, p. 87-93.
  3. Gebri Op. laud., lib. VI, p. 91.
  4. Gebri Op. laud., lib. VI, p. 92-93.
  5. Cette phrase résulte d’un contre-sens commis par Delambre dans l’interprétation de ce que Géber dit au commencement du Livre VII (p. 104). Il n’évalue nullement les parallaxes que devraient avoir Vénus et Mercure dans le système de Ptolémée ; il ne le pourrait faire, d’ailleurs, puisque ce système ne fait pas connaître les distances de ces planètes à la terre ; tout ce qu’on peut déduire des hypothèses de Ptolémée, c’est que Vénus doit avoir une parallaxe plus grande que le Soleil et Mercure une parallaxe plus grande que Vénus.
  6. Ptolémée, mettant Vénus et Mercure au-dessous du Soleil, se heurtait à cette objection ; Vénus et Mercure doivent passer, de temps en temps, entre la terre et le Soleil ; or on n’a jamais vu le corps de Vénus ou celui de Mercure passer sur le Soleil. Au lieu de répondre que ces passages avaient lieu, mais n’étaient pas perceptibles à la vue, Ptolémée s’était efforcé de démontrer que ni l’une ni l’autre des deux planètes ne se trouve jamais sur le rayon vecteur allant de la terre au Soleil.