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PHYSICIENS ET ASTRONOMES. — II. LES SÉMITES

Au cours des neuf livres qui forment le traité que nous étudions, on rencontre un seul passage[1] dont ce Grec n’ait pas pu être l’auteur ; ce passage représente probablement tout l’apport personnel de Géber ; ce sont quelques doléances sur l’obscurité des deux traductions arabes de l’Almageste données par Hunanus et par Alhahazeg. Le premier de ces traducteurs, Hunanus (Honein), est Abou Zeid Honein ben Ishac ben Soleiman ben Ejjul al Ibadi, le Johannitius des médecins du Moyen Âge latin, qui mourut, à Bagdag, le 30 Nov. 873[2]. Le second se nommait Al llasan ben lusuf.

Les Libri novem Astronomiæ que Géber s’est appropriés, et la Theorica planetarum à laquelle Alpetragius a imposé son nom sont donc des œuvres issues du génie hellénique. Elles nous montrent que ce génie ne crut point avoir achevé son œuvre astronomique lorsqu’il eut produit la Syntaxe. Il continua de s’exercer soit à corriger le système de Ptolémée, soit à lui substituer un autre système plus conforme aux doctrines péripatéticiennes et néo-platoniciennes. Les auteurs de ces tentatives médiocres ou inachevées n’eurent point en partage la célébrité de l’Astronome de Péluse ; des Arabes pillards purent faire main basse sur leurs écrits sans courir le risque d’être démasqués et traités d’imposteurs. La Science islamique est ainsi faite, en grande partie, du butin razzié sur la Science hellène de la décadence.

  1. Gebri Op. laud., lib. IX, De declinatione orbis revolutions et ejus reflexione, pp. 59-60.
  2. F. Wüstenfeld, Geschichte der Arabischen Aertze und Naturforscher ; Göttinçen, 1840, no 69, pp. 26-29.