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LA PRÉCESSION DES ÉQUINOXES

d’Aphrodisias et de Dercyllide, on peut croire que ces philosophes ne s’étaient point souciés de la découverte d’Hipparque.

À notre connaissance donc, Ptolémée est le premier astronome, après Hipparque, qui se soit occupé du déplacement lent des étoiles fixes. L’étude détaillée qu’il en fit dans Syntaxe mathématique attira vivement, sans doute, l’attention de ses contemporains et, particulièrement, de ceux qui s’adonnaient à l’Astrologie. Tant que ce phénomène était demeuré inconnu, ou avait déterminé le mouvement d’une planète en composant le mouvement de cette planète par rapport aux étoiles avec le mouvement diurne ; en particulier, ce que les astrologues avaient constamment fait intervenir dans leurs jugements, c’est la position qu’à un instant donné, chaque planète occupe par rapport aux constellations nommées signes du Zodiaque.

Ptolémée, en montrant, après Hipparque, que les étoiles non-errantes possédaient un autre mouvement que le mouvement diurne, houle versait tous ces principes universellement acceptés. Si l’on voulait rapporter la position d’une planète à des repères qui fussent fixes (abstraction faite du mouvement diurne), ce n’est plus aux signes concrets du Zodiaque, formés d’étoiles visibles, qu’il la fallait comparer, mais à des signes abstraits, dont aucune étoile ne marque la place dans le Ciel, que le mouvement diurne entraîne seul, tandis qu’un autre mouvement déplace les signes concrets par rapport aux signes abstraits.

La lenteur de ce dernier mouvement, l’ignorance de la loi exacte qui le règle, partant l’impossibilité de déterminer l’exacte position d’une planète par rapport aux signes abstraits lorsque sa situation par rapport aux signes concrets a été observée, donnaient matière à critiquer les calculs et les prédictions des astrologues. Que les adversaires de l’Astrologie judiciaire aient, fort peu de temps après Ptolémée, fait valoir cette critique, nous en trouvons le témoignage dans les écrits d’Origène (vers 180-253).

Dans un fragment de la troisième partie de ses Commentaires à la Genèse, fragment qui nous a été conservé par Eusèbe[1], Origène discute les principes par lesquels les astrologues prétendaient justifier rétablissement des thèmes généthliaques ; à ce propos, il écrit les lignes suivantes :

« On a énoncé un théorème démontrant que le cercle du Zodiaque est mû d’un mouvement semblable à celui des planètes,

  1. Origenis e tomo III commentariorum in Genesim fragmentum, ad cap. I, vers. 14 ; II [Origenis Opera omnia accurante J. P. Migne, t. II, (Patrologiæ græcæ tomus XII) col. 80].