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LA COSMOLOGIE HELLÉNIQUE

dirigé d’Occident en Orient, et décrivant un degré par siècle : au bout d’un temps très long, ce mouvement fait prendre, à chacun des signes du Zodiaque, la place du signe suivant. Autre est ce qui advient du signe intelligible, autre ce qui advient du signe qui a, pour ainsi dire, une configuration ; mais du signe intelligible, il n’est rien qui puisse être exactement connu. Toutefois, que ceci soit accordé : On connaît le signe intelligible ou bien il est possible, à partir du signe sensible, de déterminer le signe vrai… — Φέρεται δὴ θεώρημα ἀποδειϰνύον τὸν ζωδιαϰὸν ϰύϰλον ὁμοίως τοῖς πλανωμένοις φέρεσθαι ἀπὸ δυσμῶν ἐπὶ ἀντολὰς δι’ ἑϰατὸν ἐτῶν μοῖραν μίαν, ϰαὶ τοῦτο τῷ πολλῷ χρόνῳ ἐναλλάττειν τὴν θέσιν τῶν δωδεϰατημορίων · ἑτέροῦ μὲν τυγχάνονοτος τοῦ νοητοῦ δωδεϰατημορίου · ἑτέρου δὲ τοῦ ὡσανεὶ μορφώματος · ἀλλ’ ἐϰ τοῦ νοητοῦ ζωδίου, ὅπερ οὐ πάνυ τι δυνατὸν ϰαταλαμϐάνεσθαι. Ἔστω δὲ ϰαὶ τοῦτο συγϰεχωρημένον τὸ ϰαταλαμϐάνεσθαι τὸ νοητὸν δωδεϰατημόριον, ἢ δύνασθαι ἐϰ τοῦ αἰσθητοῦ δωδεϰατημορίου λαμϐάνεσθαι τὸ ἀληθές… »

En dépit d’un membre de phrase obscur[1], le sens général de ce passage est fort clair ; pour Origène, le signe qu’anime le seul mouvement diurne ne correspond à rien de concret ; c’est une figure purement abstraite que l’esprit conçoit et détermine en appliquant la loi de précession au signe concret.

De son temps, cependant, certains astronomes ou physiciens attachaient vraisemblablement ces signes abstraits à un corps concret ; hors la sphère des étoiles fixes, mue à la fois du mouvement diurne et du mouvement de précession, ils imaginaient qu’il existât une neuvième sphère sans étoile, à laquelle les signes abstraits fussent invariablement liés.

Origène, en effet, nous rapporte leur croyance à l’existence d’une sphère suprême dépourvue d’astres, sans nous dire, toutefois, s’ils déduisaient du phénomène de précession leurs raisons de croire à cette existence.

« Ils entendent proprement donner le nom de Monde, écrit-il[2], à cette sphère suréminente qu’ils appellent ἀπλανής[3]… Toutefois, au-dessus de cette sphère qu’ils nomment ἀπλανής, ils prétendent qu’il en existe une autre ; de même que, pour nous, le ciel contient toutes les choses sublunaires, de même prétendent-ils que

  1. Celui qui commence par ces mots ; ἀλλ’ ἐϰ τοῦ νοητοῦ ζωδίου. F. Viger, dont la Patrologie grecque de Migne reproduit la traduction latine, suppose que le texte présente ici une lacune ; l’hypothèse qu’il fait pour remplir cette lacune ne nous paraît pas très assurée.
  2. Origenis De principes libri quatuor, lib. II, cap. III. [Origenis Opera omnia accurante J. P. Migne, tomus I (Patrologiœ grœcœ tomus XI), coll. 195-196].
  3. La sphère des étoiles inerrantes.