Page:Duhem - Le Système du Monde, tome II.djvu/199

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
193
LA PRÉCESSION DES ÉQUINOXES

cette sphère, d’une immense étendue et d’une inexprimable contenance, enserre, à l’intérieur d’un orbe plus magnifique, les espaces occupés par toutes les autres sphères ; dans cette sphère, donc, toutes choses se trouvent contenues, comme notre terre est entourée par le Ciel. »

Cette sphère suprême, nous n’en pouvons guère douter, c’est la sphère dénuée d’astre que les Hypothèses des astres errants plaçaient au-dessus de la sphère des étoiles fixes, afin de communiquer le mouvement diurne à cette dernière. Avec ce mouvement diurne, reçu de la sphère suprême, l’orbe des étoiles fixes composait son mouvement propre, rotation très lente, d’Occident en Orient, autour des pôles de l’Écliptique.

Le passage que nous venons d’emprunter à Origène semble indiquer que cette supposition, introduite par les Hypothèses, avait trouvé un rapide crédit dans les écoles d’Alexandrie. Nous la verrons se répandre parmi les philosophes hellènes ; nous relèverons de nombreuses et formelles allusions à cette neuvième sphère sans astre, qui enveloppe la sphère des étoiles fixes et qui fait tourner le Ciel entier, d’Orient en Occident, de la rotation qui définit le jour sidéral.

En revanche, nous ne trouverons aucun souvenir des orbes, mûs du même mouvement, qui devaient, au gré de Ptolémée, communiquer la rotation diurne aux sphères des divers astres errants. Cette supposition n’a pas rencontré même faveur que la première ; elle a été plus profondément oubliée encore par la Science hellène que les autres mécanismes dont les Hypothèses des astres errants avaient donné la description.

Les suppositions d’Hipparque et de Ptolémée sur le mouvement lent des étoiles fixes n’étaient, d’ailleurs, pas les seules que l’on connût à Alexandrie ; on y discutait aussi une hypothèse toute différente.

Pour Hipparque et pour Ptolémée, le mouvement de la sphère des étoiles fixes consistait en une rotation complète, poursuivie, toujours dans le même sens, autour d’un axe perpendiculaire à l’Écliptique. D’autres astronomes voulaient que ce mouvement se réduisit à mie oscillation ; qu’il progressât alternativement d’Occident en Orient, puis d’Orient en Occident ; enfin que l’amplitude de ce mouvement n’embrassât qu’un petit nombre de degrés.

L’existence d’une telle théorie nous est signalée par Théon d’Alexandrie, père de la mathématicienne Hypathia, qui commenta, dans la seconde moitié du IVe siècle, les écrits de Ptolémée.