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LA COSMOLOGIE HELLÉNIQUE

compliquées. Pour chacune de ces deux planètes, le grand astronome d’Alexandrie décompose en deux autres mouvements l’oscillation que le plan de l’épicycle éprouve de part et d’autre du plan de l’excentrique.

Le premier mouvement est, comme celui que nous venons de décrire, commandé par une circulation de l’extrémité périgée sur un petit cercle normal au plan de l’excentrique. Il ne diffère du mouvement propre aux trois planètes supérieures qu’en un seul point ; l’inclinaison de l’épicycle sur l’excentrique est nulle au moment où le centre de l’excentrique est apogée ou périgée.

Le second mouvement dépend d’une circulation toute semblable du point M sur un petit cercle ; mais le plan de ce nouveau petit cercle est normal à la fois au plan de l’excentrique et au plan du petit cercle précédent. Durant cette circulation, le diamètre apogée de l’épicycle balaye constamment le plan de l’excentrique. Enfin l’inclinaison est nulle au moment où le centre de l’épicycle passe par un nœud.

Ptolémée redoutait, sans doute, que la complication de hypothèses ne rebutât les philosophes de la Nature ; d’avance, s’efforçait de lutter contre leur aversion : « Qu’on n’objecte pas ces hypothèses, disait-il, qu’elles sont trop difficiles à saisir, cause de la complication des moyens que nous employons… Il faut, autant qu’on peut, adapter les hypothèses les plus simples aux mouvements célestes ; mais si cela ne réussit pas, il faut choisir celles qui sont acceptables. En effet, si chacun des mouvements apparents se trouve sauvé à titre de conséquence des hypothèses, à qui donc, encore, semblerait-il étonnant, que, de ces mouvements compliqués puissent résulter les mouvements des corps célestes ?… Tant que nous les considérons dans ces représentations construites par nous, nous trouvons pénibles la composition et la succession des divers mouvements ; les agencer de telle manière que chacun d’eux puisse s’effectuer librement nous paraît une tâche difficile. Mais si nous examinons ce qui se passe dans le ciel, nous ne sommes plus du tout entravés par un semblable mélange de mouvements ».

En dépit de ces réflexions, la théorie que nous venons de rapporter parut certainement trop compliquée à Ptolémée lui-même, car il en imagina une autre, beaucoup plus simple. Selon cette nouvelle hypothèse[1], chacune des planètes possède une sphère épicycle.

  1. Hypothèses et épogues des planètes, de C. Ptolémée, et Hypotyposes de Proclus Diadochus, traduites pour la première fois en français… par