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LA PRÉCESSION DES ÉQUINOXES

Cette sphère, dont le centre se trouve sur l’excentrique, est coupée par le plan de l’excentrique suivant un petit cercle, que Ptolémée nomme roulette (ϰύϰλισϰος). Tandis que le centre de la sphère épicycle décrit l’excentrique, la roulette tourne sur elle-même en sens contraire, suivant la même loi, en entraînant avec elle la sphère épicycle. Pour parler un langage plus moderne, tandis que le centre de la sphère épicycle tourne, d’Occident en Orient, d’un certain angle autour du centre de l’exentrique, la sphère épicycle tourne d’Orient en Occident, du même angle, autour d’un axe mené, par son centre, normalement au plan de l’excentrique.

Le cercle épicycle est un grand cercle de la sphère épicycle, qui coupe la roulette sous un certain angle et lui demeure invariablement lié. Par l’effet des deux rotations égales et de sens contraires qui viennent d’être mentionnées, le plan du cercle épicycle garde, dans l’espace, une direction invariable. Sur ce cercle, toujours parallèle à lui-même, la planète se meut suivant une loi facile a déterminer.

Les Hypothèses de Ptolémée furent, sans doute, beaucoup moins lues que l’Almageste. En dépit donc de sa plus grande simplicité, la nouvelle théorie du mouvement du cercle épicycle ne supplanta pas celle qui l’avait précédée. Celle-ci continua d’être étudiée par les astronomes. Mais elle ne prit une place importante dans l’ensemble des hypothèses astronomiques que lorsqu’elle eut été détournée de son objet primitif et appliquée à un autre objet. L’inclinaison du plan de l’épicycle sur le plan de l’excentrique est, pour toutes les planètes, une quantité fort petite ; Ptolémée a construit l’Astronomie de l’Almageste presque entière en faisant abstraction de cette inclinaison ; on ne pouvait donc accorder une attention prolongée au mécanisme compliqué qui servait à rendre compte des variations de ce petit angle. Ce mécanisme, au contraire, piqua la curiosité de tous les astronomes dès que le Liber de motu octaveæ sphœræ attribué à Thâbit ben Kourrah, l’eût emprunté à Ptolémée pour représenter le mouvement d’accès et recès de la sphère étoilée. Pendant de longs siècles, la combinaison que ce petit écrit avait tirée, toute formée, de l’Almageste, fut célébrée à l’égal des inventions les plus ingénieuses et les plus originales.

    M. l’abbé Halma ; Paris, 1820. Hypothèses des planètes ou mouvements des corps célestes, par C. Ptolémée, passim. — Claudii Ptolemæi Opera minora, Edidit J. L. Heiberg, Lipsiae, MDCCCCVII. Ὑποθέσεις τῶν πλανωμένων Α′, pp. 88-91 ; pp. 91-93 ; pp. 96-97 ; pp. 100-101 ; pp. 104-105.