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LA COSMOLOGIE HELLÉNIQUE


VIII
LA THÉORIE OU MOUVEMENT DE LA HUITIÈME SPHÈRE
ATTRIBUÉE À THABIT BEN KOURRAH

Thâbit ben Kourrah ben Marwân ben Karayana ben Ibrahim ben Mariscos ben Salamanos (Abou al Hasan) al Harrani naquit en 836, à Harran, en Mésopotamie[1]. Il fut d’abord changeur, puis se consacra à la Science. Il acquit, à Bagdad, une grande réputation de mathématicien et d’astronome, en même temps qu’il s’adonnait & l’étude de la langue grecque dont il parvint à faire usage aussi aisément que de l’Arabe et du Syriaque. Cette parfaite entente du Grec lui permit de traduire et de commenter les œuvres des princes de la Science hellène, d’Hippocrate, d’Aristote, d’Apollonius, d’Euclide, d’Archimède, de Ptolémée, d’Autolycus et de Théodose. Il produisit également un grand nombre d’œuvres originales en Arithmétique, en Géométrie, en Astrologie et en Médecine. On évalue à cent cinquante le nombre des traités qu’il a composés en langue arabe et à seize celui des livres qu’il a écrits en Syriaque.

Après un séjour de longue durée à Bagdad, il rejoignit Harran, sa ville natale. Là, des épreuves l’attendaient ; il appartenait, en effet, à la secte des Sabians ; comme il prétendait s’affranchir de certaines pratiques et de certaines doctrines, il fut excommunié par ses coreligionnaires. Il revint alors à Bagdad qu’il ne quitta plus. Le kalife Almou’tadid (892-902) l’avait en grande considération et l’honorait de son commerce le plus intime. Thâbit ben Kourrah mourut à Bagdad le 18 février 901.

Parmi les écrits astronomiques qu’a composés le très docte Sabian, se trouvent quatre petits traités qui furent, de bonne heure, traduits en latin ; de très nombreuses copies manuscrites les répandirent en la Chrétienté occidentale, où leur influence lut grande sur le développement de la Science des astres.

Ces quatre traités, qui sont souvent réunis dans un même manuscrit[2], ont, en latin, les titres suivants :

Liber Thebit de motu octavæ sphœræ ;

  1. Ferdinand Wüstenfeld, Geschichte der Arabischen Aerzte and Naturforcher, Göttingen, 1840 ; pp. 34-36.
  2. C’est le cas, par exemple, des mss. no 7333 et n{{o} 7298 du fonds latin de la Bibliothèque nationale.