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LA PRÉCESSION DES ÉQUINOXES

Liber Thebit de iis quæ indigent expositione antequam legatur Almagestum ;

Liber Thebit de imaginatione sphæræ et circulorum ejus diversorum ;

Liber Thebit de quantitatibus stellarum et planetarum.

C’est au premier de ces traités que se trouve exposée la théorie de l’accès et du recès, sous la forme qui va nous occuper.

Dans sa Table Hakémite, si féconde en renseignements pour l’histoire de l’Astronomie, Ibn Iounis nous a conservé[1] une épître que Thâbit adressait à Abou Iacoub Ishac ben Honein, en même temps qu’il lui faisait hommage d’un de ses traités astronomiques. Voici cettre lettre :

« Extrait du livre de Thâbit ben Kourrah a Ishac ben Honein :

» La différence qui se trouve entre la Table de Ptolémée et la Table vérifiée est commune à tous les corps célestes. Cette uniformité n’a rien d’étonnant, et doit même nécessairement avoir lieu par la raison que ce qui arrive par rapport au Soleil entraîne nécessairement quelque chose de semblable par rapport à tous les corps célestes. En effet, le lieu de la Lune n’est déterminé que d’après les déterminations du lieu du Soleil. C’est sur les éclipses de Lune qu’est fondée principalement la théorie de la Lune, cette planète étant alors opposée au Soleil. Les autres lieux de la Lune ont également pour bases les lieux du Soleil. Il en est de même des étoiles fixes et des planètes qu’on détermine par le Soleil et la Lune. Ainsi il est vrai de dire que ce qui arrive par rapport au Soleil arrive aussi par rapport aux étoiles fixes, leur connaissance dépendant de celle du Soleil.

» La cause de cette erreur est obscure. Quelques auteurs, cités par Théon et autres, et qualifiés par Théon d’auteurs d’Astrologie judiciaire, ont pensé que le Zodiaque avait un mouvement par lequel il s’avançait de , et ensuite rétrogradait de la même quantité, et que ce mouvement était d’un degré en quatre-vingts ans. Ils ont fait sur cela un calcul d’où l’on conclut quelquefois quatre degrés en plus ou en moins ; et il faudrait, si la chose était comme ils la supposent, que les étoiles fixes parussent tantôt immobiles, et tantôt rétrogrades.

» Nous ne sommes pas en état maintenant de décider une pareille question ; elle le serait parfaitement si nous avions une observation de Soleil faite dans l’intervalle de Ptolémée à nous, et assez éloignée de notre temps ; si vous en trouvez une dans les

  1. Ibn Iounis, Le livre de la table Hakemite (Notices et extraits, t. VII, pp. 114-118).