Page:Duhem - Le Système du Monde, tome II.djvu/262

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
256
LA COSMOLOGIE HELLÉNIQUE

D’autres observateurs ont trouvé, en leur temps, que l’auge du Soleil était à 22° des Gémeaux.

» Ptolémée a dit aussi que le mouvement des étoiles situées dans l’orbite suprême était de en cent ans. D’autres ont trouvé que ce mouvement était d’un degré et demi en chaque laps de cent ans.

» Pour nous, en ce qui concerne le lieu du Soleil, nous nous sommes appuyés sur ce qui était au temps d’Azolphi (As Soufi) ; nous n’avons jamais vu, en effet, qu’il eût existé un observateur semblable à celui-ci dans l’invention des calculs astronomiques. En ce point, d’ailleurs, Abraham Azarchel s’accorde avec lui. À l’époque de ce dernier, nul ne fut aussi savant que lui. Or, en son temps, il a observé le lieu du Soleil, et il s’est trouvé d’accord avec ce qu’avait dit Azolphi. »

Ajoutons qu’Aven Ezra admet[1], pour les étoiles fixes, une précession uniforme de en 70 ans ; l’orbe qui les porte accomplirait, selon lui, sa révolution en 25.000 ans. Dans ces remarques ou il eût été si naturel de citer le Tractatus de motu octavæ sphæræ de Thâbit ben Kourrah, Aven Ezra ne fait aucune mention de ce livre ; le nom d’Al Zarkali, au contraire revient à plusieurs reprises, et, ses déterminations, conformes à celles que contient le livre attribué à l’Astronome sabian, sont citées avec grand honneur.

Aboul Hhassan, de Maroc (Abou’Ali al Hhasan al Marrakoushi), qui écrivait au commencement du xiiie siècle, s’exprime à peu près comme Al Bitrogi et comme Averroès. Parlant du mouvement de précession des équinoxes, il déclare[2] que les réductions faites par Hipparque et par Ptolémée ont causé des erreurs dont les modernes se sont aperçu ; puis il ajoute : « Ces derniers ont essayé d’y remédier, et le premier qui l’ait fait avec succès, et qui ait donné des déterminations justes et exactes est le cheik Fadhel Abou Ishâkh Ibrahim ben Iahia, surnommé Ab Rhazkhâllah (Al Zarkali), qui observait à Tolède dans l’année de l’hégire 453, et qui a composé sur ce sujet un ouvrage qui peut servir de règle à ceux qui s’occupent de cette matière. »

À la suite de cette indication, Aboul Hhassan donne des tables de trépidation disposées exactement comme celles que l’on trouve au De motu octavæ sphæræ ; seulement, les nombres qu’il adopte sont un peu différents de ceux qu’on trouve en ce livre ; au lieu

  1. Abraham ben Ezra, Op. laud., fol. LXXX, col. a.
  2. Traité des instruments astronomiques des Arabes par Aboul Hhassan Ali de Maroc, traduit par J. J. Sédillot, tome premier, Paris, 1834-1835 ; p 127.