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LA COSMOLOGIE HELLÉNIQUE

à la Terre correspond à la sixième partie de la circonférence décrite par la Lune ; cette distance comprend donc cent-vingt-cinq diamètres lunaires ; et comme chacun de ces diamètres est de 40.000 stades, cette distance vaut, selon ce calcul, 500.000 stades. »

Posidonius a également tenté[1] de calculer le diamètre réel du Soleil d’après le diamètre apparent de cet astre ; pour cela, il a admis que la distance du Soleil à la Terre était égale à dix mille rayons terrestres. « Mais », ajoute Cléomède, « il est sans doute croyable que le parcours du Soleil soit, dix mille fois plus grand que le méridien terrestre, car, à l’égard de ce parcours, la Terre est comme un point ; il peut, se faire, toutefois, qu’il soit plus grand ou bien encore qu’il soit plus petit, et que nous l’ignorions. »

On voit que la méthode d’Aristarque de Samos était ignorée ou incomprise dans l’école stoïcienne de Posidonius ; peut-être trouvera-t-on là une occasion de douter de l’assertion de Paul Tannery, au gré de qui cette méthode eût été communément reçue bien avant le temps d’Aristarque ; même après celui-ci, elle semble n’avoir été comprise que des seuls géomètres, tels qu’Archimède ou Hipparque.


IV
LE PROBLÈME DE LA PARALLAXE LUNAIRE. HIPPARQUE ET PTOLÉMÉE

« On dit (φασι) », écrit Cléomède[2], « qu’Hipparque a démontré que le Soleil était 1.050 fois plus volumineux que la Terre. » Le disciple de Posidonius n’a sûrement pas étudié les calculs du Bithynien.

Théon de Smyrne ne les a peut-être pas mieux pénétrés ; voici ce qu’il se contente de nous dire[3] à leur endroit : « Hipparque, par la considération des grandeurs et des distances du Soleil et de la Lune, a montré que le Soleil est à peu près 1.880 fois plus volumineux que la Terre, tandis que la Terre est 27 fois plus volumineuse que la Lune ». D’après ces nombres, Hipparque aurait pris le diamètre du Soleil comme étant à peu près les du diamè-

  1. Cléomède, loc. cit., pp. 144-147.
  2. Cléomède, loc. cit., pp. 152-153.
  3. Theonis Smyrnaæi Liber de Astronomia, cap. XXXIX ; éd. Th. H. Martin, pp. 320-321 ; éd. J. Dupuis, pp. 318-319.