Une opinion analogue était professée par les obscurs faussaires auxquels nous devons les livres pseudo-hermétiques ; dans le Poimandres, le légendaire Hermès Trismégiste s’exprime en ces termes[1] :
« Pensée-Dieu, abondant aux deux sexes, estant vie et lumière, comme aucteur, a produict avec son Verbe l’autre pensée opérante, laquelle estant dieu de feu et d’esprit, a basty sept certains gouverneurs, comprenante par leurs cercles le monde sensible : et leur disposition est nommée fatalle destinée. »
Les devins chaldéens eux-mêmes ne professaient pas tous les doctrines dont s’indignait Philon. Diodore de Sicile nous en fait connaître qui ne partagent pas le l’athéisme des premiers.
« Les Chaldéens, dit-il[2], enseignent que la nature du Monde est éternelle ; elle n’a point, au commencement, connu la génération, et, dans l’avenir, elle n’éprouvera pas la destruction. Ils enseignent aussi que l’ordre et l’harmonie de l’Univers sont dus à une providence divine ; les divers êtres qui se trouvent aujourd’hui au ciel n’y ont pas été disposés au hasard, non plus que par leur propre action ; ils ont été disposés par une décision que les dieux ont bien déterminée et fermement arrêtée.
» Ils sont, de tous les hommes, ceux qui ont fait, des astres, les plus longues observations, ceux qui ont appris à connaître, avec le plus d’exactitude, les mouvements et les puissances de chacun de ces corps ; aussi prédisent-ils aux hommes nombre d’événements qui leur doivent arriver.
» Ils disent qu’il faut surtout observer, car c’est eux qui possèdent la plus grande puissance, les cinq astres nommés errants ; aussi leur donnent-ils, en commun, le nom d’interprètes (ἑρμηνεῖς).
» … Voici pourquoi ils leur donnent le nom d’interprètes :
» Les autres astres sont des astres inerrants ; d’une allure parfaitement régulière, ils accomplissent tous une même circulation ; seuls, les cinq astres errants accomplissent, chacun, une course particulière : seuls, donc, ils indiquent ce qui doit arriver et sont, auprès des hommes, les interprètes de la pensée des dieux. »
« Chacun des astres errants, reprend Diodore[3], afin de déve-
- ↑ Le Pimandre de Mercure Trismégiste nouvellement traduict de l’exemplaire grec restitué, en langue françoyse, Par Françoys Monsieur de Foyx de la famille de Candalle, À la Royne mère du Roy très-chrestien Henry troisiesme. A. Bourdeaus. par Simon Millanges, rue S. Iamme, près la maison de la ville, MDLXXIIII. Ch. I, sect. I, 9.
- ↑ Diodori Siculi Bibliothecœ historicœ, lib. Il, cap. XXX (Dionont Sicui.t Bibliothecœ historicœ quæ supersunt. Ed. Carolus Mulierus. Vol. I, Parisiis, Firmiu Didot, MDCCCLV, p. 104).
- ↑ Diodori Siculi Op. laud., lib. II, cap. XXXI : éd. cit., vol. I, p. 105.