lopper l’enseignement des Chaldéens, a un cours particulier ; il se distingue des autres par sa vitesse variée et par la durée de sa circulation ; la plupart des biens ou des maux qui arrivent aux générations humaines accompagnent (συμϐάλλεσθαι) ces astres-là ; c’est donc en connaissant la nature de ces astres et en les observant qu’on prévoit surtout ce qui adviendra aux hommes. »
Ce que les Chaldéens dont parle Diodore prenaient pour fondement de leur Astrologie, ce n’est pas l’affirmation que les étoiles fixes ou errantes sont les seules causes efficientes des changements du monde sublunaire ; ils se contentaient d’invoquer une corrélation constante entre les mouvements des planètes et les événements d’ici-bas, et d’attribuer au décret divin cette harmonie préétablie.
Il ne semble pas, d’ailleurs, que le juif Philon d’Alexandrie ait professé une doctrine bien différente de celle-là. Écoutons-le commenter la Genèse et, en particulier, la création des astres.
Au troisième jour, Dieu a donné à la terre l’ordre de produire des végétaux ; c’est seulement au quatrième jour qu’il met des astres dans les cieux[1]. A-t-il donc voulu donner le pas à la nature inférieure sur la nature supérieure ? Non pas. Mais il a voulu, par là, manifester où résidait le principe de la puissance (ϰράτους ἀρχή). Les hommes n’étaient pas encore engendrés ; mais il prévoyait déjà combien les tendances de leur esprit les porteraient au vraisemblable plutôt qu’au vrai ; il savait « qu’ils se fieraient aux apparences plus qu’à Dieu, qu’ils admireraient la sophistique plus que la sagesse ; que voyant, au-dessus d’eux, les cours périodiques du Soleil et de la Lune déterminer le printemps, l’été, l’automne et l’hiver, ils en viendraient à supposer que les circulations des astres sont les causes de tout ce qui, chaque année, est produit et engendré par la terre ». Dieu a donc voulu mettre les hommes en garde contre cette impudente audace et cet excès d’ignorance ; en ordonnant qu’avant l’existence du Soleil et de la Lune, la terre produisît toute espèce de plantes et de fruits, il a voulu nous apprendre à espérer qu’elle en produirait, de nouveau « sur l’ordre du Père, quand il lui semblera bon, et sans qu’il ait besoin de faire appel aux créatures du ciel, auxquelles il a communiqué des forces, mais non le pouvoir d’agir par elles-mêmes. — Μὴ προσδεηθέντι τῶν ϰατ’ οὐρανὸν ἐϰγόνων, οἶς δυνάμεινς μὲν ἔδωϰεν, οὐ μὴν αὐτοϰρατεῖς ».
- ↑ Philonis Alexaxdrini De opificio mundi secundum Mosem, cap. XIV (Philonis Alexaxdrini Opera quæ supersunt, Vol. I, ed. Leopoldus Cohn. Berolini, MDCCCLXXXXVI, pp. 14-15).